Saturday, 31 March 2012

L’influence d’une adresse à Reginald de Piperno sur la Préface à César

 

L’influence d’une adresse à Reginald de Piperno sur la Préface à César

Par Jacques Halbronn

Dans une précédente étude nous évoquions l’éventualité d’une influence « aquinienne » ou pseudo-aquinienne sur la formation du corpus centurique (quatrains plus épitres). En fait, le personnage du Frère Réginald n’apparait pas uniquement dans la lettre sur la Pierre Philosophale. On le trouve également, semble-t-il en ce qui concerne une autre lettre, sur l’Astrologie, celle là authentique (cf ‘Saint Thomas d'Aquin et l'influence des astres de Paul Choisnard, Reed 1983, cf aussi Thomas Litt, Les corps célestes, dans l’univers de Saint Thomas d’Aquin, Louvain, 1963)

Qui est ce Réginald, dominicain à l’instar d’Albert, de Thomas et de cet auteur que nous avons étudié à propos de Nostradamus, Jean Giffré de Réchac (cf sur le site propheties.it) ? On trouve un article wikipedia le concernant que nous reproduisons partiellement : :

« Réginald de Piperno ou encore Reginaldus ou Reynaldus, ou encore Raynaldné à Piperno (c'est-à-dire Priverno dans le diocèse de Terracine, Sezze, et Pipernoen) en 1230 et mort entre 1285 et 1295 à Anagni, est un dominicain,théologien, maître enseignant (au studium generalede Naples et Orvieto, vers 1263-1265), prédicateur, confesseur et secrétaire de Thomas d'Aquin puis compilateur.

« Réginald de Piperno fait partie des secrétaires dont s'entourait Thomas d'Aquin. Celui-ci le guérit un jour de la fièvre et il lui succèdera au Studium de Naples en 1272, pour compagnon intime (socius), c'est-à-dire secrétaire (il lui dédiera quelques œuvres), collaborateur, confesseur, puis compilateur.

« Secrétaire de Thomas d'Aquin, il vit dans l'ombre du saint. Il rapporte, parfois de mémoire (nota) ses enseignements pour les mettre par écrit. Il recueille après sa mort tous les manuscrits du saint et les compile (Supplément de la Summa Theologiae et Livre IV du Commentaire des Sentences) et organise la Somme Théologique (Opuscula Postillae super Epistolas S. Paul, Postilla super Tres Nocturnos Psalterii, Lectura super Primum de Anima) en plus des écrits qui lui furent dictés par saint Thomas. On lui attribue aussi une partie de Postilla In Iohannem, la fin de l'œuvre qui aurait pu être corrigée par Saint Thomas[2],[3]. Il aurait composé le catalogue «officiel » des œuvres de saint Thomas.

« Frère Reginald rapporte le souvenir d'une extase de saint Thomas en 1247: pendant quelques jours, le saint refuse de lui dicter quoi que ce soit, contrairement à son habitude. Il lui demande alors la raison. Frère Thomas d’Aquin lui dit alors « J’ai vu des choses que la langue de l’homme ne peut exprimer : À côté de ce qui m’a été révélé, tout ce que j’ai écrit et dit m’apparaît comme rien». L'extase met fin aux recherches théologiques du saint Docteur et plus jamais saint Thomas, qui meurt cette même année, ne dicta quoi que ce soit à frère frère Réginald est compilé à partir du Commentaire du livre des Sentences, et traite de la pénitence, de l'ordre, du mariage, de l'extrême-onction et surtout des fins dernières.

« Il succède à Saint Thomas d'Aquin au couvent de Naples. Il meurt entre 1285 et 1295 à Anagni.

On trouve mention de frère Reginald dans les explicit de saint Thomas :

  • « Fin du vingt-sixième Opuscule, c'est-à-dire De l'astrologie, d'après saint Thomas d'Aquin, au très cher frère Reginald son confrère bien-aimé ».

Reginald écrivait à propos de Thomas:

«Tant qu'il vécut, mon Maître m'empêchait de révéler les merveilles dont j'ai été le témoin. Il devait moins sa science à l'effort de son esprit qu'à la puissance de sa prière. Toutes les fois qu'il voulait étudier, discuter, enseigner, écrire ou dicter, il recourait d'abord au secret de l'oraison, pleurant devant Dieu pour trouver dans la véritéles secrets divins, et par l'effet de cette prière étant avant l'oraison dans l'incertitude, il s'en revenait instruit»

« Bibliographie :

Abrégé de théologie ou Bref résumé de théologie pour le frère Raynald, Thomas d'Aquin (saint) : Compendium theologiae introduction .-traduction française et annotations par Jean-Pierre Torrell, Le Cerf, collection « Dictionnaires ».-août 2007. Livre écrit à la demande de Reginald de Piperno »

C’est ce Frère Reginald, auquel Thomas d’Aquin s’adresse en l’appelant « mon fils », dans le texte alchimique qui lui est faussement attribué- le Tractatus D. Th. De Aquina datus fratri Reinaldo in Arte Alchimiae(trad. française, Paris, Chamuel, 1898) car on y cite des traités alchimiques bien plus tardifs- qui aurait pu, selon nous, inspirer le ton et le concept même de la Préface de Nostradamus à son fils, qu’il s’agisse d’œuvres authentiques ou controuvées de Thomas d’Aquin. Cette Lettre sur l’alchimie, reprise dans notre précédente étude, et considérée le plus souvent comme un faux fait pendant à une autre sur l’astrologie qui est, quant à elle, acceptée comme authentique et que nous reproduisons ci-après. Le fait que Réginald soit le dédicataire de cette lettre est toutefois débattu.( on connait deux textes alchimiques de Thomas d’Aquin, tous deux figurant in Thomas d'Aquin, Traité de la pierre philosophale, traduit du latin pour la première fois et précédé d'une introduction(anonyme) ( Ed. Chamuel, Paris, 1898) 110 pp. En revanche, le texte alchimique fut bel et bien publié à l’adresse du dit Frère.

On en présente ici un texte bilingue (trad. français de Pierre Monat, 2007) comme probable interlocuteur d’une lettre du Docteur Angélique. Mais ce texte n’offre quant à lui aucun caractère de ressemblance avec la Préface à César si ce n’est qu’il traite d’astrologie. La forme « mon fils » -ou plutôt son équivalent latin ne figure pas.

Prooemium

Prologue

[69900] De iudiciis astrorum,

Quia petisti ut tibi scriberem an liceret iudiciis astrorum uti, tuae petitioni satisfacere volens, super ea quae a sacris doctoribus traduntur, scribere curavi.

Les arrêts des astres.

Puisque tu m'as demandé de t'écrire s'il était permis d'avoir recours aux arrêts des astres, étant donné que je voulais satisfaire à ta demande, j'ai pris soin d'écrire ce qui nous a été transmis là-dessus par les saints docteurs.

Les influences physiques des astres

[69901] In primis ergo oportet te scire, quod virtus caelestium corporum ad immutanda inferiora corpora se extendit. Dicit enim Augustinus, V de civitate Dei: non usquequaque absurde dici potest, ad solas corporum differentias afflatus quosdam sidereos pervenire. Et ideo si aliquis iudiciis astrorum utatur ad praenoscendum corporales effectus, puta tempestatem et serenitatem aeris, sanitatem vel infirmitatem corporis, vel ubertatem et sterilitatem fructuum, et cetera huiusmodi quae ex corporalibus et naturalibus causis dependent, nullum videtur esse peccatum.

Tout d'abord, il te faut savoir que la puissance des corps célestes s'étend jusqu'à modifier les corps inférieurs. Augustin (Cité de Dieu, 5,-) dit : « on peut soutenir sans aucune absurdité que certains souffles astraux parviennent à provoquer des variations dans les corps ». Dès lors, si on a recours aux arrêts des astres pour connaître d'avance des effets physiques, par exemple tempête et temps calme, santé ou maladie du corps, abondance et pauvreté des récoltes et toutes les choses de ce genre, qui dépendent de causes physiques et naturelles, il est clair qu'il n'y a pas de péché.

Nam omnes homines circa huiusmodi effectus aliqua observatione utuntur caelestium corporum: sicut agricolae seminant et metunt certo tempore, quod observatur secundum motum solis; nautae navigationes vitant in plenilunio, vel in lunae defectu; medici circa aegritudines criticos dies observant, qui determinantur secundum cursum solis et lunae.

De fait, tous les hommes, quand il s'agit de faits de ce genre, ont recours à l'observation des corps célestes : ainsi les paysans sèment et moissonnent à un moment donné, qui est déterminé d'après le mouvement du soleil ; les marins évitent de naviguer à la pleine lune ou en éclipse de lune ; les médecins, en face des maladies, respectent des jours critiques qui sont déterminés par la course du soleil ou de la lune.

Légitimité de l’astronomie et danger de l »’astrologie

Unde non est inconveniens secundum aliquas alias occultiores observationes stellarum circa corporales effectus uti astrorum iudicio. Hoc autem omnino tenere oportet, quod voluntas hominis non est subiecta necessitati astrorum; alioquin periret liberum arbitrium: quo sublato non deputarentur homini neque bona opera ad meritum, neque mala ad culpam. Et ideo certissime tenendum est cuilibet Christiano, quod ea quae ex voluntate hominis dependent, qualia sunt omnia humana opera, non ex necessitate astris subduntur: et ideo dicitur Ierem. X, 2: a signis caeli nolite metuere, quae gentes timent.

C'est pourquoi il n'est pas condamnable d'avoir recours, en suivant d'autres observations moins visibles sur les étoiles, d'avoir recours aux arrêts des astres en matière de phénomènes physiques. Toutefois, il faut absolument maintenir que la volonté de l'homme n'est pas soumise à une fatalité astrale ; sans cela, ce serait la fin du libre arbitre ; et si on le supprimait, ni les bonnes actions ne seraient alors comptées comme un mérite pour l'homme, ni les mauvaises comme une faute. Et c'est pourquoi tout chrétien doit soutenir fermement que tout ce qui dépend de la volonté humaine, c'est le cas de toutes les actions humaines, ne dépend pas d'une fatalité astrale : c'est pourquoi il est dit (Jér. 10,2) : « ne craignez rien des signes du ciel que redoutent les nations ».

Le risque du diable

Sed Diabolus ut omnes pertrahat in errorem, immiscet se operibus eorum qui iudiciis astrorum intendunt. Et ideo Augustinus dicit in II super Gen. ad litteram: fatendum, quando ab astrologis vera dicuntur, instinctu quodam occultissimo dici, quem nescientes humanae mentes patiuntur: quod cum ad decipiendos homines fit, spirituum immundorum et seductorum operatio est; quibus quaedam vera de temporalibus rebus nosse permittitur. Et ideo Augustinus dicit in II de doctrina Christiana, quod huiusmodi observationes astrorum referendae sunt ad quaedam pacta cum Daemonibus habita.

Mais le Diable, afin d'entraîner tous les hommes dans l'erreur, se mêle aux actions de ceux qui prêtent attention aux arrêts des astres. C'est pourquoi Augustin dit (Gen. ad Litt. II) : « il faut reconnaître que, quand des choses vraies sont dites par les astrologues, elles sont dites sous l'effet d'une inspiration bien cachée, à laquelle les esprits humains sont soumis sans le savoir ; comme cela se fait pour tromper les hommes, c'est une opération des esprits immondes et trompeurs, auxquels il est permis de savoir un certain nombre de choses vraies sur les réalités temporelles. C'est pourquoi Augustin dit (Doct. chr. II) que ce genre de réussites des astres doit être mis sur le compte de pactes passés avec les Démons.

Est autem omnino Christiano vitandum pactum vel societatem cum Daemonibus habere, secundum illud apostoli, I Corinth. X, 20: nolo vos fieri socios Daemoniorum. Et ideo pro certo tenendum est, grave peccatum esse, circa ea quae a voluntate hominis dependent, iudicio astrorum uti.

Le chrétien doit absolument éviter de passer un pacte ou une alliance avec les démons, selon le mot de l'Apôtre (I Cor. 10,20) : Je ne veux pas que vous deveniez alliés des Démons. Voilà pourquoi il faut tenir pour assuré que c'est un grave péché d'avoir recours aux arrêts des astres à propos de ce qui dépend de la volonté de l'homme.

La source qui aurait ainsi servi à camper Nostradamus s’adressant à son fils à l’instar d’un Thomas fut en latin et non en français. Les premières dates d’impression connues sont Cologne 1579, chez Daniel Van Broekhuiser, ainsi que Leyde 1598 et Lyon 1602. Ces textes seront repris en 1659, au sein du Theatrum Chemicum. La date de 1579 nous semble tout à fait convenir puisque cela n’aurait précédé que de quelques années la parution de la Préface à César que nous situons au milieu des années 1580.

L’idée d’imaginer une telle Epitre de Nostradamus à son fils fut évidemement inspirée par le fait que dans un texte disparu mais que Couillard reprend et dont les faussaires devaient disposer, Nostradamus évoquait, en 1555, la récente naissance de son fils César. C’est d’ailleurs le texte largement étudié par les nostradamologues comme Robert Benazra, d’Antoine Couillard, sieur du Pavillon Les Lorriz (Prophéties, 1556) - par ailleurs auteur de Contreditz à l’encontre de Nostradamus et d’autres astrologues (1560)- qui servira à constituer la substance de la dite Epitre, ce qui en fait un faux utilisant des éléments authentiques tout comme le Centiloque, faussement attribué à Ptolémée fut repris du Tetrabiblos.(cf notre étude en postface au « Centilogue » de Bourdin, Paris, La Grande Conjonction-Trédaniel, 1993, cf sur la confection des faux, notre ouvrage sur les Protocoles des Sages de Sion, Lyon, Ed. Ramkat, 2002) à moins que le texte (perdu) que parodie Couillard n’ait été accessible à l’époque.

Bien entendu, l'influence de cette lettre sur l'alchimie aura également servi pour la pièce figurant dans le Petit Albert (vers 1722), comme émanant d'Aristée -(et non plus de Thomas d'Aquin)- récupérant ainsi une pièce elle-même considérée comme un faux et datant de deux siècles avant notre ère.(Lettre d'Aristée à Philocrate, son frère). C'est donc cette même pièce qui sera reprise par Limojon de Saint Didier, en 1686, étant entendu que la pièce du recueil albertien est plus proche de l'original que celle reprise par la Lettre d'Aristée à son fils, publiée anonymement (avec anagramme) par le dit Limojon[1]€€ (sur la réception de ce traité, cf Der alchemistische Traktat « Von der Multiplikation von pseudo Thomas von Aquinas. Untersuchungen von D Goltz, J. Telle, H. J. Vermeer, Sudhoffs Archiv, Beiheft 19, 1977, pp. 87 et seq)

On notera que dans cette lettre- que l’on pourrait qualifier de « mémoire » pour user d’une formule de la Préface à César - Thomas d’Aquin laisse entendre qu’il a déjà transmis d’autres informations dans le passé. « Il ne me reste autre chose que les clefs de la nature que j’ay jusqu’ici conservées avec un très grand soin ». Cette idée de transmettre le « restant » d’un ensemble se retrouve d’ailleurs dans l’Epître à Henri II, inspirée dans sa forme centurique de la Préface à César qui y est mentionée : « ces trois Centuries du restant de mes Prophéties, parachevant la miliade ».

JHB

31.03.12


[1] Signalons un texte découvert par Bernard Husson, d’un certain Claude Limojon de Saint Didier, auteur d’une Lettre d’un philosophe à son ami sur le grand œuvre, (1680) Ed de la Hutte. , au titre très proche de celui d’Alexandre Limojon « Lettre d’un philosophe sur le secret du grand œuvre au sujet de ce qu’Aristée a laissé par écrit à son fils touchant le Magistère philosophique » et qui semble avoir précédé de quelques années l’édition de 1686))

Thursday, 29 March 2012

La Lettre apocryphe de Saint Thomas d’Aquin sur l’alchimie et ses rapports avec la Lettre d’Aristée à son fils

 

43 - La Lettre apocryphe de Saint Thomas d’Aquin sur l’alchimie et ses rapports avec la Lettre d’Aristée à son fils.

Par Jacques Halbronn

En 1686, dans son édition parue à La Haye en 1686 (puis à Paris, en 1688), Limojon de Saint Didier ne prétend nullement être l’auteur de cette Lettre. C’est là une supposition de Bernard Husson qui pourtant connait les deux textes, celui du Petit Albert et celui de La Lettre d’un philsophe sur le magistère du Grand Œuvre. Ne pourrait-on en fait remonter au grand disciple d’Albert, à savoir Thomas d’Aquin, lui aussi auteur (prétendu) d’une Lettre sur l’Alchimie ?

I La comparaison Petit Albert- Limojon de St Didier

Nous avons ci-dessous mis en évidence les différences et les variantes entre les deux documents, en mettant entre crochets ce qui ne figure que chez Limojon et entre parenthèses ce qui ne figure que dans le Petit Albert. Différences assez sensibles si on les compare, par exemple, à celles qui distinguent les diverses versions de la (pseudo) Préface à César de Nostredame par son père. Il est évident que ce travail ne peut se faire sur des traductions car il s’agit de s’assurer que les mots sont globablement les mêmes dans les deux versions et ne dérivent pas d’une autre source. En dépit des différences, les similitudes restent flagrantes.

Le paragraphe 5 retiendra particulièrement notre attention. Notons cependant que la version du Petit Albert n’est pas découpée en paragraphes numérotés :

5. « Lors qu'on est [en possession] (sans la possession) de cette clef, les richesses deviennent méprisables ; d'autant qu'il n'y a point de Tresor, qui puisse luy estre comparé. »

Il semble bien que la version Petit Albert soit préférable. L’auteur entend que celui qui n’a pas résolu ses problèmes de santé ne peut être heureux de ses richesses. A contrario, celui qui n’a plus à craindre de la maladie peut apprécier les autres plaisirs du monde. Ce que vient confirmer le début du paragraphe suivant figurant à l’identique dans les deux versions, ce qui semble signifier que Limojon ne maîtrise pas son texte et donc qu’il peut difficilement en être l’auteur :

6. En effet dequoy servent les richesses, lors qu'on est sujet à estre affligé des infirmitez humaines ?

Le paragraphe 33 ne se retrouve pas dans le Petit Albert :

33. [C'est un secret qui passe la portée de l'esprit de l'homme, sçavoir tirer de l'air, l'Arcane Celeste].

En revanche, les paragraphes 44 et 45 sont beaucoup plus étoffés chez le Petit Albert que dans Limoujon de St Didier :

44. Ajoute (Tu ajouteras) en suite à cet air (cuit) un nouvel air, non en grande quantité; mais autant qu'il luy en faut. (c'est-à-dire un peu moins que la première fois. Continue ainsi jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un demi-bocal d’air liquide qui n’ait point été cuit.)
45. Fais en sorte qu'il (ce qui a été cuit) se liquefie doucement (par fermentation au fumier chaud), [qu'il se pourrisse], qu'il noircisse, qu'il durcisse (s’endurcisse), qu'il s'unisse (s’unifie), qu'il se fixe, & qu'il rougisse

Nous avons été voir dans la littérature alchimique quel usage se faisait de ce « fumier chaud », absent de la Lettre de 1686. On y reviendra plus loin

Au-delà du paragraphe 50, qui est conclusif chez Limojon, on trouve ce développement uniquement chez le Petit Albert ;

(Je t’en laisse un petit échantillon dont la bonté te sera prouvée par la parfaite santé dont je jouis, étant âgé de plus de cent huit ans. Travaille et tu seras aussi heureux que je l’ai été, ainsi que je le souhaite, au nom et par la puissance du Grand Architecte de l’Univers)

Les deux versions croisées :

1. Mon Fils, après t'avoir donné la connoissance de toutes choses, & t'avoir apris comment tu dois vivre, & de quelle manière tu dois régler ta conduite par les maximes d'une excellente Philosophie;

2. Aprés t'avoir instruit aussi de tout ce qui regarde l'ordre & la nature de la Monarchie de l'Univers;

3 Il ne me reste autre chose à te communiquer, que les clefs de la nature, que j'ay jusques icy conservées avec un tres grand soin.
4. Entre toutes ces clefs, celle qui ouvre le lieu (saint) fermé (aux plus sublimes génies) tient sans difficulté le premier rang (doit tenir le rang) elle est la source généralement (générale) de toutes choses, & l'on ne doute point que Dieu ne luy ait particulièrement donné une propriété toute Divine.
5. Lors qu'on est en possession (sans la possession) de cette clef, les richesses deviennent méprisables ; d'autant qu'il n'y a point de Tresor, qui puisse luy estre comparé.

6. En effet dequoy servent les richesses, lors qu'on est sujet à estre affligé des infirmitez humaines ? à quoy sont bons (tous) les tresors, lors qu'on se voit terrassé par la mort ?

7. Il n'y a point de richesses qu'il ne faille abandonner, lors que la mort se saisit de nous ;

8. Il n'en est pas de même, quand je possede cette clef ; car pour lors je vois la mort loin de moy, & je suis asseuré que j'ay en mon pouvoir un secret qui m'ôte toute sorte de crainte.(toute l’appréciation des misères de cette vie)
9. J'ay les richesses à commandement, & je ne manque point de Tresor (s); la langueur fuit devant moy, & je retarde les approches de la mort, lors que je possede la clef d'or (dorée du grand œuvre).

10. C'est de cette clef, mon Fils, que je veux te faire mon héritier ; mais je te conjure par le nom de Dieu, & par le lieu Saint qu'il (que j’) habite, de la tenir enfermée dans le cabinet de ton cœur, & sous le sceau du silence.

11. Si tu sçay t'en servir, elle te comblera de biens, & lors que tu seras vieux ou malade, elle te rajeunira, te soulagera, & te guérira:

12. Car elle a la vertu particulière de guérir toutes les maladies (et) d'illustrer (sic) les métaux, & de rendre heureux ceux qui la possedent.
13. C'est cette (une) clef que nos Peres nous ont si fort recommandée sous le lien (sceau) du serment.

14. Apprend donc à la connoître, & ne cesse point de faire du bien au (x) pauvre (s) (à la veuve), & à l'orphelin, & que c'en soit-là [le sceau &] le véritable caractere.

15. (Sache donc que) Tous les estres qui sont sous le Ciel divisez en especes différentes, tirent leur origine d'un même principe, & c'est à l'air qu'ils doivent tous leur naissance, comme à leur principe commun.

16. La nourriture de chaque chose fait voir quel est son principe ; puisque ce qui soutient la vie, est cela même qui donne l'estre.

17. Le poisson joüit de l'eau, & l'enfant tette (tête) sa mere : l'arbre ne produit aucun fruit lorsque son tronc n'a plus d'humidité.
18. On connoist par la vie le principe des choses, la vie des choses est l'air, & par consequent l'air est leur principe.

19. C'est pour cela que l'air corrompt toutes choses, & comme il leur donne la vie, il la leur ôte aussi de même.

20. Les (le) bois, le fer, les pierres prennent fin par le feu,(et le feu ne peut subsister que par l’air)[ & enfin toutes choses sont reduites en leur premier estat.]

21. Mais telle qu'est la Cause de la corruption, telle (l') est aussi de la generation.

22. Quand par diverses corruptions il arrive enfin que les creatures souffrent, soit par le temps ou par le defaut du sort, l'air (leur) survenant (à leur secours) les guerit [aussi tost ] qu’elles soi(en)t imparfaites, ou languissantes.

23. La terre, l'arbre, & l'herbe languissant par l'ardeur de trop de secheresse, mais toutes choses sont reparées par la rosée de l'air.
24. [Toutefois] (néanmoins) Comme nulle creature ne peut estre reparée & rétablie qu'en sa propre nature, l'air estant la fontaine & la source originelle de toutes choses, il en est aussi pareillement la source universelle.

25. On voit manifestement que la semence, [la vie], la mort, la maladie & le remede de toutes choses sont dans l'air.

26. La nature y a mis tous ses tresors (avec les principes de generation et de corruption de toutes choses), & les y tient renfermez comme sous (derrière) des portes particulieres & secrettes.

27. Mais c'est (véritablement) posseder la clef d'or (dorée) (de ces portes, que de sçavoir ouvrir [ces portes] (assez heureusement), & puiser l'air de l'air.(cet air)

28. [Car si l'on ignore comment il faut puiser cet air], il est impossible d'acquerir ce qui guérit généralement toutes les maladies, & qui redonne (ou conserve) la vie aux hommes .
29. Si tu desires donc (ô mon fils) de chasser toutes les infirmitez, il faut que tu en cherches le moyen dans la source générale.(primitive et universelle)

30. La nature ne produit le semblable, que par le semblable, & il n'y a que ce qui est (semblable ou) conforme à la nature qui peut faire du bien à la nature.

31. Apprends donc, mon Fils, à prendre l'air ; apprends à conserver la Clef de la nature.

32. les Creatures peuvent bien connoistre l'air; mais pour prendre l'air, il faut avoir la clef de la nature.

33. [C'est un secret qui passe la portée de l'esprit de l'homme, sçavoir tirer de l'air, l'Arcane Celeste].

34. C'est un grand secret de comprendre la vertu que la nature a imprimée aux choses. Car les natures se prennent par des natures semblables.

35 Un poisson se prend avec un poisson; un oiseau avec un oiseau ;& l'air se prend avec un autre air, comme avec une douce amorce.
36. La neige & la glace sont un air que le froid a congelé, la nature leur a donné la disposition qu'il faut pour prendre l'air.

37. Mets (Tu mettras) une de ces deux choses dans un vase (vaisseau de terre ou de métal qui soit bien) fermé(et bien bouché). Prends (Tu prendras) l'air qui se congele à l'entour (de ce vase) pendant un temps chaud, [recevant] ce qui distille dans un vaisseau profond, (et bien) étroit,(par le col) épais, fort & net, afin que tu puisses faire comme il te plaira, ou les rayons du Soleil, ou de la Lune (c'est-à-dire l’or et l’argent).

38. Lors que tu en auras rempli un vase, bouche le bien, de peur que cette celeste éteincelle, qui s'y est concentrée, ne s'envole dans l'air.

39. Emplis de cette liqueur autant de vases que tu voudras ; écoute ensuite ce que tu en dois faire, & garde le silence.
40. Bâtis un fourneau, places y un petit vase moitié plein de l'air (liquide) que tu as pris (recueilli), & scelle(et lute (sic) le dit vase) le exactement.

41. Allume ensuite ton feu, en sorte que la plus legere partie de la fumée monte souvent en haut, & que la nature fasse ce que fait continuellement le feu central au milieu de la terre, où il agite les vapeurs de l'air, par une circulation qui ne cesse jamais.

42. Il faut que ce feu soit leger, doux & humide, semblable à celuy d'un oiseau qui couve ses oeufs.

43. Tu dois continuer le feu de cette sorte, & l'entretenir en cet état, afin qu'il ne brûle pas ; mais plûtost qu'il cuise ce fruit aérien, jusques à ce qu'après avoir esté agité de mouvement pendant un long-temps, il demeure entierement cuit au fond du vaisseau.

44. Ajoute (Tu ajouteras) en suite à cet air (cuit) un nouvel air, non en grande quantité; mais autant qu'il luy en faut.(c'est-à-dire un peu moins que la première fois. Continue ainsi jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un demi-bocal d’air liquide qui n’ait point été cuit.)
45. Fais en sorte qu'il (ce qui a été cuit) se liquefie doucement (par fermentation au fumier chaud), [qu'il se pourrisse], qu'il noircisse, qu'il durcisse (s’endurcisse), qu'il s'unisse (s’unifie), qu'il se fixe, & qu'il rougisse.

46. Ensuite la partie pure estant séparée de l'impure, par le moyen du feu (légitime), & par un artifice tout divin.

47. [Puis] tu prendras une partie [pure] d'air crud, que tu méleras avec la partie pure qui a esté durcie.

48. Tu auras soin que le tout se dissolve & s'unifie (s’unisse), qu'il devienne médiocrement noir, (puis) blanc, [dur], & enfin parfaitement rouge.

49. C'est icy la fin de l'Oeuvre, & tu as fait cet elixir qui produit toutes les merveilles (que nos Sages devanciers ont eu raison de tant estimer [ que tu as vues]

50. Et tu possedes (posséderas) par ce moyen la clef d'or (dorée), du plus inestimable secret de la nature, l' (le vrai) or potable (et) la médecine universelle,[ & un tresor inépuisable.]

( Je t’en laisse un petit échantillon dont la bonté te sera prouvée par la parfaite santé dont je jouis, étant âgé de plus de cent huit ans. Travaille et tu seras aussi heureux que je l’ai été, ainsi que je le souhaite, au nom et par la puissance du Grand Architecte de l’Univers )

II Le texte alchimique attribué à St Thomas d’Aquin

Abordons à présent un ouvrage qui s’est offert à nous à propos du « fumier chaud ». Ce n’est autre que’ le TRAITÉ DE SAINT THOMAS D’AQUIN SUR L’ART DE L’ALCHIMIE. Dédié au frère Reinaldus (Reginald). Rappelons que Thomas fut le disciple d’Albert le Grand qui est cité à deux reprises, fort élogieusement. Or, dans ce traité considéré comme apocryphe, Thomas s’adresse au frère Reinaldus en l’appelant, plusieurs fois, « mon fils », usage bien connu et qui n’implique aucun lien de parenté.

CHAPITRE I

A tes prières assidues, mon très cher frère, je me propose de te décrire en ce bref traité divisé en huit chapitres, certaines règles simples et efficaces pour nos opérations, ainsi que le secret des véritables teintures ; mais auparavant je t’adresse trois recommandations.

Premièrement : ne prête pas beaucoup d’attention aux paroles des Philosophes modernes ou anciens qui ont traité de cette science, parce que l’Alchimie consiste entièrement dans la capacité de l’entendement et dans la démonstration expérimentale (37). Les Philosophes voulant cacher la vérité des sciences, ont parlé presque toujours figurativement.

Deuxièmement : n’apprécie jamais ni n’estime la pluralité des choses ni les compositions formées de substances hétérogènes (38), car la nature ne produit rien que par les semblables, et quoique le cheval et l’âne produisent le mulet, ce n’en est pas moins une génération imparfaite, comme celle qui peut se produire par hasard exceptionnellement avec plusieurs substances.

Troisièmement : ne sois pas indiscret, mais surveille tes paroles, et comme un fils prudent, ne jette pas les perles aux pourceaux.

Conserve toujours présente à ton esprit la fin pour laquelle tu as entrepris l’œuvre. Tiens pour certain que si tu gardes constamment devant tes yeux ces règles qui me furent données par Albert-le-Grand, tu n’auras rien à quémander aux Rois et aux grands, mais, au contraire, les Rois et les grands te couvriront d’honneurs (39). Tu seras admiré de tous, en servant par cet art les Rois et les Prélats, car non seulement tu subviendras à leurs besoins mais encore tu subviendras à ceux de tous les indigents, et ce que tu donneras ainsi vaudra dans l’éternité autant qu’une prière. Que ces règles soient donc gardées au fonds de, ton cœur sous un triple sceau inviolable, car dans mon autre livre, donné au vulgaire, j’ai parlé en philosophe, tandis qu’ici, confiant en ta discrétion, j’ai révélé les secrets les plus cachés.

CHAPITRE II DE L’OPERATION

Comme l’enseigne Avicenne dans son épître au roi Assa, nous cherchons à obtenir une substance véritable au moyen de plusieurs intimement fixées, laquelle substance étant placée dans le feu, l’entretienne et l’alimente, et qui soit en outre pénétrative et ingressive, qui teigne le mercure et les autres corps; teinture très véritable, ayant le poids requis et surpassant par son excellence tous les trésors du monde.

Pour faire cette substance, comme le dit Avicenne, il faut avoir de la patience, du temps et les instruments nécessaires.

De la patience, parce que selon Geber, la précipitation est l’œuvre du diable; aussi celui qui n’a pas de patience doit suspendre tout travail.

Du temps, parce que dans toute action naturelle résultant de notre art, le moyen et le temps sont rigoureusement déterminés .

Des instruments, nécessaires non pas en grand nombre comme on le verra dans la suite, puisque notre œuvre s’accomplit au moyen d’une chose, d’un vase, d’une seule voie et d’une seule opération (in una re, uno vase, una via et una operatione) comme l’enseigne Hermès.

Il est permis de former la médecine de plusieurs principes agglomérés; toutefois, il n’est besoin que d’une matière et d’aucune chose étrangère, sinon du ferment blanc ou rouge. Toute l’Œuvre est purement naturelle; il suffit d’observer les diverses couleurs suivant le temps où elles apparaissent.

Le premier jour, il faut se lever de grand matin et de voir si la vigne est en fleurs et se transforme en tête de corbeau; puis elle passe par diverses couleurs entre entres lesquelles il faut remarquer le blanc intense parce que c’est celle-là que nous attendons et qui révèle notre roi, c’est-à-dire 1 ‘élixir ou la poudre simple, lui a autant de noms qu’il y a de choses au monde. Mais Pour terminer en peu de mots notre matière ou magnésie est appelée Terre d’Espagne ou Antimoine, mais remarque bien que je ne désigne pas par-là le mercure commun dont se servent les sophistes et qui ne donne qu’un résultat médiocre, malgré les grandes dépenses qu’il occasionne, et s’il te plaisait de travailler avec lui, tu parviendrais incontestablement à la vérité, mais après une interminable coction et digestion Suis donc Plutôt le bienheureux Albert le Grand, mon maître, et travaille avec le vif argent minéral, car en lui seul est le secret de l’œuvre. Puis, tu opéreras la conjonction des deux teintures, blanche et rouge, provenant des deux métaux parfaits qui, seuls, donnent une teinture parfaite; le mercure ne communique cette teinture qu’après l’avoir reçue; c’est pourquoi en les mêlant toutes deux, elles se mélangeront mieux avec lui et le pénétreront plus intimement.

DE LA COMPOSITION DU MERCURE ET DE SA SÉPARATION

Et quoique notre œuvre s’achève au moyen de notre mercure seul, il a besoin néanmoins du ferment rouge ou blanc ; il se mêle alors facilement avec le Soleil et la Lune, car ces deux, corps participent beaucoup de sa nature et sont aussi plus parfaits que les autres. La raison est que les corps sont plus parfaits suivant qu’ils contiennent plus de mercure. Ainsi le Soleil et la Lune, en contenant plus que les autres, se mêlent au rouge et au blanc et se fixent dans le feu, parce que c’est le mercure seul qui parfait l’Œuvre en lui, nous trouvons tout ce qui nous manque pour notre œuvre, sans que nous ayons besoin d’y rien ajouter.

Le Soleil et la Lune ne lui sont pas étrangers, parce qu’ils sont réduits dès le commencement de l’Œuvre, en leur matière première, c’est-à-dire en mercure; ils tiennent donc de lui leur origine. Certains s’efforcent de parachever l’Œuvre au moyen du seul mercure ou de la simple magnésie, les lavant dans le vinaigre très aigre, les cuisant dans l’huile, les sublimant, les brûlant, calcinant, distillant ; extrayant leur quintessence, les mettant à leur torture par les éléments et une infinité d’autres supplices (martyrizationibus) croyant que leur opération leur sera très profitable; et finalement, ils n’en tirent qu’un résultat modique.

Mais crois-moi, mon fils, tout notre mystère consiste seulement dans le régime et la distribution du feu et dans la direction intelligente de l’Œuvre.

Nous n’avons que peu de chose à faire, c’est la vertu du feu bien dirigé qui opère sur notre œuvre , sans que nous ayons grand travail, ni grande dépense, car je suppose que lorsque notre pierre était dans son état premier, c’est-à-dire Eau première, ou Lait de la Vierge, ou Queue de dragon on l’ait dissoute, elle se calcine alors, se sublime, se distille, se réduit, se lave, se congèle elle-même et par la vertu du feu bien proportionné s’achève seule dans un vase unique sans aucune autre opération manuelle. Sache donc, mon fils comment les philosophes ont parlé figurativement des opérations manuelles et afin que tu sois assuré de la purgation de notre mercure, je t’en enseignerai la simple préparation. Pends donc du mercure minéral ou Terre d’Espagne ou Antimoine ou Terre noire, ce qui est la même chose et qui n’ait été employé auparavant à aucune autre œuvre. Prends en vingt-cinq livres ou un peu plus et fais les passer par drap de lin un peu épais, et ceci est le véritable lavage (lotio vera). Regarde bien après l’opération s’il ne reste aucune ordure ou scorie, car alors le mercure, ne, pourrait être employé à notre œuvre. Si rien n’apparaît, tu peux le juger excellent. Remarque bien qu’il n’est besoin de rien ajouter à ce mercure et que l’œuvre peut être ainsi achevée.

DE LA MANIERE DE FAIRE L’AMALGAME

Puisque notre Œuvre s’accomplit par le seul mercure sans l’addition d’aucune autre matière étrangère, je traiterai brièvement de la manière de faire l’amalgame. Car ceci est très mal compris de beaucoup de philosophes qui croient que l’œuvre peut s’accomplir par le seul mercure sans être pourtant uni à sa sœur ou sa compagne (compar ejus) Je te dis donc avec assurance que tu dois travailler avec le mercure uni à son compagnon, sans ajouter, aucune matière étrangère au mercure, et sache que l’Or et, l’Argent ne sont pas étrangers au mercure, mais au contraire participent plus de sa nature que tous les autres corps. C’est pourquoi réduit en leur première nature, on les appelle sœurs ou compagnes du mercure, car de leur composition et de leur fixation, résulte le lait de la Vierge. Si tu comprends clairement ceci et si tu n’ajoutes rien d’étranger au mercure, tu obtiendras la réalisation de tes vœux.

DE LA COMPOSITION DU SOLEIL ET DU MERCURE

Prends le soleil commun bien épuré, c’est-à-dire chauffé au feu ce qui donne le ferment rouge; prends en deux onces et coupe-le en petits morceaux avec les pinces; ajoute quatorze onces de mercure que tu exposeras au feu dans une tuile creuse, puis dissous l’or en le remuant avec une baguette de bois. Lorsqu’il sera bien dissout et mêlé, place-le tout dans l’eau claire et dans une écuelle de verre ou de pierre, lave le et nettoie-le jusqu’à ce que la noirceur s’en aille de l’eau alors si tu y prends garde, tu entendras la voix de l’oiseau (vox turturis) dans notre terre. Et lorsqu’elle sera bien purifiée, place l’amalgame dans un morceau cuir bien lié à sa partie supérieure en forme de sac, puis tu presseras fortement pour qu’il passe au travers. Lorsque deux auront été ainsi pressées les quatorze qui restent sont aptes à être employées à notre opération. Prends bien garde de n’en extraire que deux onces ni plus ni moins. S’il y en avait plus, retranches-en ; s’il y en avait moins ajoute. Et ces 2 onces ainsi exprimées, et qui sont appelées lait de la Vierge, tu les réserveras pour la deuxième opération.

Transvase maintenant la matière dans un vase de terre et mets ce vase dans le fourneau décrit ci-dessus. Puis ayant allumé une lampe au-dessous, chauffe ainsi avec ardeur nuit et jour sans jamais éteindre. Que la flamme soit entièrement enfermée et environne l’athanor qui sera bien fixé sur le lut de sapience.

Si après un mois ou deux tu as observé les fleurs éclatantes et les couleurs principales de l’œuvre c’est-à-dire la noire, la blanche, la citrine et la rouge, alors sans aucune autre opération de tes mains, par la direction du seul feu, ce qui était manifeste sera et ce qui était caché sera manifeste. C’est pourquoi notre matière parvient d’elle-même à l’élixir parfait, se convertissant en une poudre très subtile appelée terre morte ou homme mort dans le sépulcre ou magnésie sèche; cet esprit est caché dans le sépulcre, et l’âme en est presque séparée. Lorsque vingt-six semaines se sont écoulées depuis le commencement de l’œuvre, alors ce qui était grossier deviendra subtil, ce qui était rude deviendra mou, ce qui était doux deviendra amer et par la vertu occulte du feu la conversion des principes sera achevée. Lorsque tes poudres seront complètement sèches et que tu auras achevé ces opérations, tu essaieras la transmutation du mercure; ensuite je t’enseignerai les deux autres opérations parce qu’une partie de notre œuvre ne peut encore transmuer que sept parties de mercure bien épuré.

DE L’AMALGAME AU BLANC

On suit la même méthode pour obtenir 1e ferment blanc ou ferment de la Lune. On mélange ce ferment blanc avec sept parties de mercure bien épuré comme on a fait pour le rouge. Car dans l’œuvre au blanc il n’entre aucune autre matière que le blanc et dans l’œuvre au rouge aucune autre que le rouge ; de même notre eau devenant rouge ou blanche suivant le ferment ajouté et le temps employé à l’œuvre, on peut teindre le mercure au blanc comme on l’a fait pour le rouge.

Remarquons en outre que l’argent en feuilles est plus utile ici que l’argent en lingot (argentum massale) par ce qu’il se lie plus facilement au mercure et se doit amalgamer avec le mercure froid et non pas chaud. Ici beaucoup ont erré en dissolvant leur amalgame dans l’eau forte la composition de l’eau forte, ils reconnaissent qu’elle ne peut que la détruire. D’autres, voulant travailler avec l’or ou l’argent selon les règles de ce livre, errent en disant que le soleil n’a pas d’humidité selon les de té, et le font dissoudre dans l’eau corrosive puis le laisse digérer dans un vaisseau de verre bien fermé pendant quelques mois; mais il vaut mieux au contraire que la quintessence soit extraite par la vertu du feu subtil, dans un vase de circulation appelé à cause de cela Pélican .

Le soleil minéral ainsi que la Lune sont mêlés de tant d’immondices que leu purification est, nécessaire et n’est pas une œuvre de femmes ni un jeu d’enfants; au contraire la dissolution, la calcination et les autres opérations pour le parachèvement du grand Œuvre sont un travail d’hommes robustes .

DE LA SECONDE ET DE LA, TROISIEME OPERATION

Cette première, partie, achevée, procédons à l’accomplissement de la seconde. Il faut ajouter sept parties de mercure, au corps obtenu dans notre première œuvre et appelé Queue de, dragon ou Lait de la Vierge. Fais passer, le tout à travers le cuir et retiens-en sept parties; lave et mets-le tout dans le vase de fer, puis dans le fourneau comme tu as fait la première fois et tu y emploieras le même temps ou à peu près, jusqu’à ce que la poudre soit de nouveau formée. Tu la recueilleras et tu la trouveras beaucoup plus fine et subtile que la première parce qu’elle est plus digérée. Une partie en teint sept fois sept en Elixir. Procède alors à la troisième opération comme tu as fait pour la première et pour la seconde ; ajoute au poids de la poudre obtenue dans la seconde opération sept parties de mercure épuré et mets-le dans le cuir de telle sorte qu’il en reste sept parties du tout, comme ci-dessus. Fais cuire le tout de nouveau, réduis en poudre très subtile, laquelle projetée sur le mercure en teindra sept fois quarante-neuf parties, ce qui fait trois cent quarante-trois parties. La raison en est que plus notre médecine est digérée, plus elle devient subtile; plus elle est subtile, plus elle est pénétrative; et plus elle est pénétrative, plus elle transmue de matière. Pour finir, remarque bien que si l’on n’a pas de mercure minéral, on peut indifféremment travailler avec le mercure commun ; quoique ce dernier n’ait pas la même valeur, il donne néanmoins un bon profit.

DE LA MANIERE DE TRAVAILLER LA MATIERE ou MERCURE

Passons maintenant à la teinture du mercure. Prends une coupelle d’orfèvre et enduis en un peu l’intérieur avec de la graisse et places-y notre, médecine suivant la proportion requises le tout sur feu lent, et lorsque le, mercure commence à fumer projette, la médecine enfermée dans de la cire propre ou dans du papier (papyrus) et prends un gros charbon embrasé et spécialement préparé pour cet usage que tu mettras sur le fond du creuset; puis donne un feu violent, et lorsque tout sera liquéfié, tu projetteras clans un tube enduit de graisse et tu auras de l’or ou de l’argent très fins suivant le ferment que tu aura ajouté. Si tu veux multiplier la médecine, opère avec le fumier de cheval suivant le moyen que je t’ai déjà enseigné oralement comme tu le sais, et que je ne veux pas écrire, parce que c’est un péché de révéler ce secret aux hommes du siècle qui recherchent la science plutôt par vanité que dans le but du bien et pour l’hommage dû à Dieu, auquel gloire et honneur soient dans les siècles des siècles. Amen ! Remarque bien que j’ai toujours vu accomplir par le Bienheureux Albert le Grand cet œuvre que je viens de décrire en style vulgaire, au moyen de la terre Hispanique ou Antimoine, mais je te conseille de n’entreprendre que le petit Magistère que je t’ai brièvement décrit, dans lequel il n’y a nulle erreur et qui s’accomplit avec peu de dépense, peu de travail, et en peu de temps ; alors tu arriveras à la fin désirée. Mais, mon très cher frère n’entreprends pas le Grand Magistère, parce que pour ton salut et pour le devoir de la Prédication du Christ, tu dois plutôt attendre les richesses éternelles que les biens terrestres et temporels.

Ici finit le Traité de Saint-Thomas sur la multiplication alchimique, dédié à son frère et ami, le Frère Reinaldus pour le Thesaurus secretissimus.

Nous terminerons par cette réflexion : est-ce que la forme « mon fils » que l’on trouve dans la Préface (centurique) à César, dans le Petit Albert et dans la Lettre « au sujet de ce qu’Aristée a laissé par écrit à son fils, touchant le magistère ne trouvent point leur origine dans ce pseudépigraphe attribué à Thomas d’Aquin. Mais dans ce cas, pourquoi ce recours à Aristée ? Parce qu’il est l’auteur (prétendu) d’une Lettre célèbre (adressée à son frère Philocrate). Ce genre d’amalgame est assez courant chez les faussaires.

L’ouvrage de notre regretté ami Serge Hutin (Nostradamus et l’alchimie, Ed. du Rocher 1988) montre assez la marque de la culture alchimique en plus d’un quatrain (on pense, entre autres, à ce quatrain où Jupiter est désigné par l’étain (et non l’estang). Selon nous, parmi les rédacteurs du corpus centurique devait figurer un personnage imprégné de littérature alchimique et c’est lui qui aurait eu, notamment, l’idée de cette Lettre de Nostradamus à son fils. Faut-il rappeler que si Nostradamus mentionne son fils dans un texte repris par Antoine Couillard (Prophéties, 1556), il ne s’agissait pas alors d’une épitre à lui dédiée comme ce sera le cas dans les contrefaçons des années 1580. En vérité, le corpus centurique est fort hétéroclite et hétérogène et mérite vraiment d’être qualifié de compilation, allant de la géographie des pèlerinages à l’alchimie des grimoires, des emprunts au Livre de l’Estat et mutation de Richard Roussat comme au Compendium de Savonarole. Y voir l’expression d’un seul auteur et d’une seule et même époque historique nous semble bien vain.

JHB

28. 03. 11

Tuesday, 27 March 2012

L’influence de la Préface à César sur la littérature alchimique de la fin du XVIIe siècle et du début du siècle suivant

 

42 - L’influence de la Préface à César sur la littérature alchimique de la fin du XVIIe siècle et du début du siècle suivant

Par Jacques Halbronn

A la fin du XVIIe siècle, le genre épistolaire campant un père s’adressant à son fils allait s’enrichir d’un nouveau fleuron, voué à une assez jolie carrière. A la lettre de Nostradamus à son fils César allait faire pendant une lettre d’Aristée à son fils dont on peut penser qu’elle fut inspirée par la première. Il semble que ce soit la première qu’un tel paralléle ait été proposé. Hutin n’évoque pas ce point dans son Nostradamus et l’Alchimie. En ce sens, les multiples éditions de cette (pseudo) Lettre d’Aristée font partie intégrante du champ nostradamique..

Dans un premier temps, nous comparerons les textes et dans un second temps nous aborderons certains problémes de chronologie bibliographique.

I Le texte de 1686

En 1686, parut, sous un anagramme Dives sicut ardens, un ouvrage d’ Alexandre Toussaint de Limojon, Sieur de Saint-Didier [1630-]. la Lettre d'un philosophe, sur le secret du grand oeuvre. Ecrite au sujet des instructions qu'Aristée à laissées à son fils, touchant le magistere philosophique.. Paris: chez Laurent d'Houry, 1686

La Lettre est articulée autour de 50 paragraphes dument numérotés. Nous l’avons fait suivre pour nos lecteurs anglophones de deux traductions anglaises.

1. Mon Fils, après t'avoir donné la connoissance de toutes choses, & t'avoir apris comment tu dois vivre, & de quelle manière tu dois régler ta conduite par les maximes d'une excellente Philosophie;

2. Aprés t'avoir instruit aussi de tout ce qui regarde l'ordre & la nature de la Monarchie de l'Univers;

3 Il ne me reste autre chose à te communiquer, que les clefs de la nature, que j'ay jusques icy conservées avec un tres grand soin..
4. Entre toutes ces clefs, celle qui ouvre le lieu fermé tient sans difficulté le premier rang ; elle est la source généralement de toutes choses, & l'on ne doute point que Dieu ne luy ait particulièrement donné une propriété toute Divine.
5. Lors qu'on est en possession de cette clef, les richesses deviennent méprisables ; d'autant qu'il n'y a point de Tresor, qui puisse luy estre comparé.

6. En effet dequoy servent les richesses, lors qu'on est sujet à estre affligé des infirmitez humaines ? à quoy sont bons les tresors, lors qu'on se voit terrassé par la mort ?

7. Il n'y a point de richesses qu'il ne faille abandonner, lors que la mort se saisit de nous ;

8. Il n'en est pas de même, quand je possede cette clef ; car pour lors je vois la mort loin de moy, & je suis asseuré que j'ay en mon pouvoir un secret qui m'ôte toute sorte de crainte.
9. J'ay les richesses à commandement, & je ne manque point de Tresor; la langueur suit devant moy, & je retarde les approches de la mort, lors que je possede la clef d'or.

10. C'est de cette clef, mon Fils, que je veux te faire mon héritier ; mais je te conjure par le nom de Dieu, & par le lieu Saint qu'il habite, de la tenir enfermée dans le cabinet de ton cœur, & sous le sceau du silence.

11. Si tu sçay t'en servir, elle te comblera de biens, & lors que tu seras vieux ou malade, elle te rajeunira, te soulagera, & te guérira:

12. Car elle a la vertu particulière de guérir toutes les maladies, d'illustrer les métaux, & de rendre heureux ceux qui la possedent.
13. C'est cette clef que nos Peres nous ont si fort recommandée sous le lien du serment.

14. Apprend donc à la connoître, & ne cesse point de faire du bien au pauvre, & à l'orphelin, & que c'en soit-là le sceau & le véritable caractere.

15. Tous les estres qui sont sous le Ciel divisez en especes différentes, tirent leur origine d'un même principe, & c'est à l'air qu'ils doivent tous leur naissance, comme à leur principe commun.

16. La nourriture de chaque chose sait voir quel est son principe ; puisque ce qui soutient la vie, est cela même qui donne l'estre.

17. Le poisson joüit de l'eau, & l'enfant tette sa mere : l'arbre ne produit aucun fruit lorsque son tronc n'a plus d'humidité.
18. On connoist par la vie le principe des choses, la vie des choses est l'air, & par consequent l'air est leur principe.

19. C'est pour cela que l'air corrompt toutes choses, & comme il leur donne la vie, il la leur ôte aussi de même.

20. Les bois, le fer, les pierres prennent fin par le feu, & enfin toutes choses sont reduites en leur premier estat.

21. Mais telle qu'est la Cause de la corruption, telle l'est aussi de la generation.

22. Quand par diverses corruptions il arrive enfin que les creatures souffrent, soit par le temps ou par le defaut du sort, l'air leur survenant les guerit aussi tost, soit imparfaites, ou languissantes.

23. La terre, l'arbre, & l'herbe languissant par l'ardeur de trop de secheresse, mais toutes choses sont reparées par la rosée de l'air.
24. Toutefois Comme nulle creature ne peut estre reparée & rétablie qu'en sa propre nature, l'air estant la fontaine & 1a source originelle de toutes choses, il en est aussi pareillement la source universelle.

25. On voit manifestement que la semence, la vie, la mort, la maladie & le remede de toutes choses sont dans l'air.

26. La nature y a mis tous ses tresors, & les y tient renfermez comme sous des portes particulieres & secrettes.

27. Mais c'est posseder la clef d'or, que de sçavoir ouvrir ces portes, & puiser l'air de l'air.

28. Car si l'on ignore comment il faut puiser cet air, il est impossible d'acquerir ce qui guérit généralement toutes les maladies, & qui redonne la vie aux hommes .
29. Si tu desires donc de chasser toutes les infirmitez, il saut que tu en cherche le moyen dans la source générale.

30. La nature ne produit le semblable, que par le semblable, & il n'y a que ce qui est conforme à la nature qui peut faire du bien à la nature.

31. Apprends donc, mon Fils, à prendre l'air ; apprends à conserver la Clef de la nature.

32. les Creatures peuvent bien connoistre l'air; mais pour prendre l'air, il faut avoir la clef de la nature.

33. C'est véritablement un secret qui passe la portée de l'esprit de l'homme, sçavoir tirer de l'air, l'Arcane Celeste.

34. C'est un grand secret de comprendre la vertu que la nature a imprimée aux choses. Car les natures se prennent par des natures semblables.

35 Un poisson se prend avec un poisson; un oiseau avec un oiseau ;& l'air se prend avec un autre air, comme avec une douce amorce.
36. La neige & la glace sont un air que le froid a congelé, la nature leur a donné la disposition qu'il faut pour prendre l'air.

37. Mets une de ces deux choses dans un vase fermé. Prends l'air qui se congele à l'entour pendant un temps chaud, recevant ce qui distille dans un vaisseau profond, étroit, épais, sort & net, afin que tu puisses faire comme il te plaira, ou les rayons du Soleil, ou de la Lune.

38. Lors que tu en auras rempli un vase, bouche le bien, de peur que cette celeste éteincelle, qui s'y est concentrée, ne s'envole dans l'air.

39. Emplis de cette liqueur autant de vases que tu voudras ; écoute ensuite ce que tu en dois faire, & garde le silence.
40. Bâtis un fourneau, places y un petit vase moitié plein de l'air que tu as pris, & scelle le exactement.

41. Allume ensuite ton feu, en sorte que la plus legere partie de la fumée monte souvent en haut, & que la nature fasse ce que fait continuellement le feu central au milieu de la terre, où il agite les vapeurs de l'air, par une circulation qui ne cesse jamais.

42. Il faut que ce feu soit leger, doux & humide, semblable à celuy d'un oiseau qui couve ses oeufs.

43. Tu dois continuer le feu de cette sorte, & l'entretenir en cet état, afin qu'il ne brûle pas ; mais plûtost qu'il cuise ce fruit aérien, jusques à ce qu'après avoir esté agité de mouvement pendant un long-temps, il demeure entierement cuit au fond du vaisseau.

44. Ajoute en suite à cet air un nouvel air, non en grande quantité; mais autant qu'il luy en faut.
45. Fais en sorte qu'il se liquefie doucement, qu'il se pourrisse, qu'il noircisse, qu'il durcisse, qu'il s'unisse, qu'il se fixe, & qu'il rougisse.

46. Ensuite la partie pure estant séparée de l'impure, pat le moyen du feu, & par un artifice tout divin.

47. Puis tu prendras une partie pure d'air crud, que tu méleras avec la partie pure qui a esté durcie.

48. Tu auras soin que le tout se dissolve & s'unifie, qu'il devienne médiocrement noir, blanc, dur, & enfin parfaitement rouge.

49. C'est icy la fin de l'Oeuvre, & tu as fait cet elixir qui produit toutes les merveilles que tu as vues

50. Et tu possedes par ce moyen la clef d'or, l'or potable, la médecine universelle, & un tresor inépuisable.

FIN


Traduction anglaise par A. E Waite en 1893 (Ruland Lexicon of Alchemy)


»My son, after having imparted to thee a knowledge of all things, and after having taught thee how to live, after what manner to regulate thy conduct by the maxims of a most excellent wisdom, and after having also enlightened thee in that which concerns the order and the nature of the monarchy of the universe, it only remains for me to communicate those Keys of Nature which hitherto I have so carefully held back.

Among all these Keys, that which is most closely allied to the highest spirits of the universe deserves to take the first rank, and there is no one who questions that it is very specially endowed with an altogether divine property. When one is in possession of this Key, the rich become miserable in our eyes, inasmuch as there is no treasure which can possibly be compared to it. In effect, what is the use of wealth, when one is liable to be afflicted with human infirmities? Where is the advantage of treasures, when death is about to destroy us? There is no earthly abundance which we are not bound to abandon upon the threshold of the tomb. But it is no longer thus when I am possessed of this Key, for then I behold death from afar, and I am convinced that I have within my hands a secret which extinguishes all fear of misfortunes in this life. Wealth is ever at my command, and I no longer want for treasures; weakness flees away from me; and I can ward off the approach of the destroyer while I own this Golden Key of the Grand Work.

My son, it is of this Key that I propose to make thee the inheritor; but I conjure thee, by the name of God, and by the Holy Place wherein He dwelleth, to lock it up in the cabinet of thy heart, under the seal of silence. If thou knowest how to make use of it, it will overwhelm thee with good things, and when thou shalt be old or ill, it will rejuvenate, console, and cure thee; for it has the special virtue of curing all diseases, of transfigurating metals, and of making happy those who possess it. It is that Key to which our fathers have often exhorted us under the bond of an inviolable oath. Learn, then, to know it, cease not to do good to the poor, to the widow, to the orphan, and learn its seal of me, and its true character.

Know that all beings which are under heaven, each after its own kind, derives origin from the same principle, and it is, as a fact, unto Air that all owe their birth as to a common principle. The nourishment of each existence makes evident the nature of its principle, for that which sustains the life is that which gives the being. The fish joys in the water; the child sucks from its mother. The tree no longer bears fruit when its trunk is deprived of humidity. It is by the life that we discern the principle of things; the life of things is the Air, and by consequence Air is their principle. It is for this reason that Air corrupts all things, and even as it gives life, so also it takes it away. Wood, iron, stones, are consumed by fire, and fire cannot subsist but by Air. Now, that which is the cause of corruption is also the cause of generation. When, by reason of divers corruptions, it comes to pass that creatures fall sick and do suffer, either through length of days or by mischance, the Air coming to their succour cures them, whether they be imperfect or languishing. The earth, the tree, the herb languish under the heat of excessive drought; but all things are recuperated by the dew of the Air. But, nevertheless, as no creature can be restored and re-established except by its own nature, Air being the fountain and original source of all things, it is in like manner the universal source. It is manifestly certain that the seed, the death, the sickness, and the remedy of all things are all alike in the Air. There has Nature stored up all her treasures, establishing therein the principles of the generation and corruption of all things, and concealing them as behind special and secret doors. To know how to open these doors with sufficient facility so as to draw upon the radical Air of the Air, is to possess in truth the golden Keys, and to be in ignorance thereof precludes all possibility of acquiring that which cures all maladies and recreates or preserves the life of men.

If thou desirest then, O my Son, to chase away all thine infirmities, thou must seek the means in the primal and universal source. Nature produces like from like alone, and that only which is in correspondence or conformity with Nature can effect good to her. Learn then, my Son, to make use of Air, learn to conserve the Key of Nature. It is truly a secret which transcends the possibilities of the vulgar man, but not those of the sage, this knowledge of the Extraction of Air, the Celestial Aerial Substance, from Air; for Air may be familiar to all beings, but he who would truly avail himself thereof must possess the secret Key of Nature.

It is a great secret to understand the virtue which Nature has imprinted in substances. For natures are attracted by their like; a fish is attracted by a fish - a bird by a bird - and air by another air, as with a gentle allurement. Snow and ice are an air that has been congealed by cold; Nature has endowed them with the qualities which are requisite to attract air.

Place thou, therefore, one of these two things in an earthen or metallic vessel, well closed, well sealed, and take thou the Air which congeals round this vessel when it is warm. Receive that which is distilled in a deep vessel with a narrow neck, neat and strong, so that thou canst use it at thy pleasure, and adapt to the rays of the Sun and Moon - that is, Silver and Gold. When thou hast filled a vessel cork it well, so that the heavenly scintillation concentrated therein shall not escape into the air. Fill as many vases as thou wilt with liquid; then hearken to thy next task, and keep silent. Build a furnace, place a small vessel therein, half full of the Liquid Air which thou hast collected ; seal and lute the said vessel effectually. Light thy fire in such a manner that the thinner portion of the smoke may rise frequently above. Thus shall Nature perform that which is continually accomplished by the central fire in the bowels of the earth, where it agitates the vapours of the air by an unceasing circulation. The fire must be light, mild, and moist, like that of a hen brooding over her eggs, and it must be sustained in such a manner that it will cook without burning the aerial fruits, which, having been for a long time agitated by a movement, shall rest at the bottom of the vessel in a state of perfect coction.

Add next unto this Cocted Air a fresh air, not in great quantity, but as much as may be necessary; that is to say, a little less than on the first occasion. Continue this process until there shall be no more than half a bowl of Liquid Air uncooked. Proceed in such wise that the cooked portion shall gently liquefy by fermentation in a warm dunghill, and shall in like manner blacken, harden, amalgamate, become fixed, and grow red. Finally, the pure part being separated from the impure by means of a legitimate fire, and by a wholly divine artifice, thou shalt take one part of pure crude Air and one part of pure hardened Air, taking care that the whole is dissolved and united together till it becomes moderately black, more white, and finally perfectly red. Here is the end of the work, and then hast thou composed that elixir which produces all the wonders that our Sages aforetime have with reason held so precious; and thou dost possess in this wise the Golden Key of the most inestimable secret of Nature - the true Potable Gold and the Universal Medicine. I bequeathe unto thee a small sample, the quality and virtues of which are attested by the perfect health which I enjoy, being aged over one hundred and eight years.

Do thou work, and thou shalt achieve as I have done. So be it in the name and by the power of the great Architect of the Aniverse. Such skilful artists of the Great Work as have pondered deeply on the principles confided to the son of Aristeus, have concluded that it would be no vain operation to make an Amalgam with the veritable Balm of Mercury, and this is the way in which they claim to produce this Balm :-
Take one pound of the best Mercury that can be obtained; purge it three times through a skin, and once by calcined Montpellier Tartar. Place it in a glass horn, which shall be strong enough to resist a fierce heat. With it combine Vitriol, Salt of Nitre, Rock Alum, and eight ounces of good Spirit of Wine. Having hermetically sealed the horn, so that nothing can evaporate, place it for digestion in a warm dung-hill during a space of fifteen days. At the end of this time the composition will be transformed into a phlegmatic grease; it must then be exposed to a sand fire, and the fire must be raised gradually to an extreme point, till a white, milky humour exudes from the substance and falls into the recipient. Let it then be replaced in the horn to be rectified, and for the consumption of the phlegm. This second distillation will cause a sweet, white oil to exude; this oil will be devoid of corrosive qualities; it will surpass all other metallic oils in excellence; and there is no doubt that, combined with the Elixir of Aristeus, it will be possible to perform such marvels as might be expected from so admirable an experiment.

Autre traduction anglaise par John O’Brien, in manuscrit de la British Library MS. Sloane 3640, respectant la division en 50 segments.

The Words of Father Aristeus to his Son
done out of the Scythian character and
language into Latin Rhyme.
1 The Knowledge of all things being now explained to you
And the way of living and of
Governing with the best Philosophy.
2 And the true Monarchy of the World being delivered:
3 There only remains to me the Keys of Nature,
which hitherto, my Son, I have taken care of.
4 Of these, the golden Key has the precedence
of all the rest which opens what is shut up.
It is the fountain of the Work of Universality,
Wherein is said to be the great Gift of the Divinity.
5 Riches grow vile, when this is in possession,
no treasure ever is compared with this.
6 What are Riches to me, if sickness be a companion?
What will Riches profit me, if I'm oppressed with Death?
7 Snatched away by Death, I leave my Treasures.
8 While I hold my Key, Death will be afar off.
While I possess the Key, I have the Secret.
While I have the Secret, I fear no fear [danger].
9 Riches are at hand, treasures are not wanting
Sickness flies away, Death is tardy, having got the Key.
10 Now, my Son, I'll make you the heir of it.
But I conjure you by God [and] his holy Seat,
That you keep it closed up near the Cabinet of your heart,
And concealed with the seal of Silence.
11 If you use it, it will greatly enrich you
If you shall be old or sick, it will heal, ease, renew.
12 By its own Power it cures all sicknesses,
It illuminates metals, it blesses [its] possessors.
13 This is it which our forefathers have sworn unto
And which they have recommended under the obligation of art.
14 Therefore learn it: do always good unto
The indigent Pupil; let this be for a Seal.
15 All things which are beneath the heavens distinguished into several.
Are made out of one Principle,
All things came out of one Principle,
They made all things out of the River [the emanations] of the [...]
16 All nourishments bear witness of their Fountain,
Since things live by that by which they are nourished.
17 The fish enjoys the Water, the Infant sucks the Mother
Let the tree want moisture, [and] the fruit of the wood flies away.
18 By the Life the beginning of things is known,
The Life of things is Air, therefore the beginning of things.
19 Moreover the Air corrupts all Bodies:
That which gives the gift of Life, destroys life also.
20 Wood, Iron, Stones are dissolved by Fire
And all things are reduced into their first State.
21 But the same is the cause of generation
Which (how different is it?) is of Corruption.
22 At last when it happens that Creatures suffer
Either by some [long] Time, or by the defect of Fate.
The Air relieves them, they are healed by Air,
Whether they be imperfect, or rendered infirm.
23 The Earth, a Tree, an Herb languish with ardent heat.
Each are amended by the Dew of the Air.
24 Yet since no creature can be repaired
But in its own Nature
Since Air is the original fountain of all
Consequently, it is also the universal Fountain.
25 In this itself the Seed, the Life, the Death,
The lanquishing, the remedy, of all things are acknowledge to be plucked.
26 Nature also has included all Treasures
In this, and shut it in its proper Doors [enclosure].
27 It is the golden Key to know how to open
The Doors and to draw Air from Air.
28 For it being unknown how the Air is fished,
It is impossible it should be gotten,
That which cures particular and universal diseases,
And calls also Mortals back to Life.
29 For you must seek out the common Fountain
If you desire thoroughly to heal all diseases
30 Nature produces like from like.
Nature leads forth Nature out of Nature.
31 Learn therefore, my Son, to catch Air,
Learn to keep the golden Key of Nature.
32 The Creatures may know the Air
But how to catch Air, is the Key of Nature.
33 This is a great Secret and more than Human,
To take the heavenly Secret from the Air.
34 This is a great Secret, the inbred power of things.
Natures are captivated by their own Species.
35 A fish is caught by a Fish, and a Bird by a Bird,
The Air is also taken by a sweet Air.
36 Snow and Ice are Air which cold has congealed.
These nature has prepared to catch the Air [again].
37 Put one of these into a sealed Vessel,
And you will catch the Air congealed about [it].
Receive this distilling in another deep little Vessel.
Close shut up, thick, strong, clean,
In a hot time that you may make
The Rays of the Sun, or the Lunar.
38 When the Vessel shall be full, seal up the mouth well
least the heavenly Spark fly away into the [open] Air.
39 Fill as many Vessels as you would fill,
what you shall do afterwards, learn and be silent.
40 Build a small furnace, fit your vessel
Half full of Air [which you have] catched, seal it up.
41 Then kindle a fire, let the pure lighter part of the
Fume ascend often; as Nature does,
Which always maintains a fire in the middle of the Earth.
By which she moves the Vapours of the Air by always circular.
42 Let its fire be gentle and moist, sweet
Like [that] wherewith a sitting Bird hatches Eggs.
43 Which keeping always so made
That it burn not, but bake [or boil] the golden Fruit;
Until for a long time being agitated by motion,
It rest baked in the Bottom of the Vessel.
44 To this Air add fresh Air
Not too much but a convenient part.
45 Make it gently flow, putrefy, grow black,
Grow hard, grow together into one, and being fixed become red.
46 Then the impure part being divided from the pure
By the assistance of fire and by divine Art;
47 At length take one part of pure Air
With which join again the pure hard part.
48 Let them be dissolved, joined, slightly grow black,
Be made white, be hardened, and at last become red.
49 This is the end of the Work; you have made the Elixir
Making all the miracles which you have seen.
50 You have the golden Key, potable Gold,
The Medicine of all things and perpetual Treasure.

II Problémes de chronologie

On trouve ce même texte dans un ouvrage qui connaitra une large diffusion à savoir le Petit Albert. (cf Le Grand et le Petit Albert, Ed. P. Belfond 1982 préface de Bernard Husson pp. 65-66 et texte pp. 350 et seq) Or il semble que les premières éditions du Petit Albert soient parues avant 1686, date de l’ouvrage de Limojon de Saint Didier, dans les années 1650-1660 chez Beringos à Lyon. Dans ce cas Limojon aurait emprunté au Petit Albert et non l’inverse si l’on s’en tenait aux éditions du Petit Albert du début du XVIIIe siècle comme ces Secrets merveilleux de la Magie Naturelle & Cabalistique du Petit Albert traduit exactement sur l'original latin, intitulé Alberti ParVI LUCII, Libellus de mirabilibus Naturae Arcanis. Enrichi de Figures mistérieuses & la manière de les faire, nouvelle édition Revue et augmentée (édition de 1729 chez les Héritiers de Beringos Fraires à Lyon).

Toutefois il convient de noter que le texte de Limojon de Saint Didier est bilingue, le français étant censé être traduit du latin qui est placé en vis-à-vis. Notons que la Préface à César est truffée de passages en latin.

Notons que dans le petit Albert – non divisé en 50 paragraphes numérotés, le texte de la Lettre est plus long : -il se poursuit ainsi :

  • « Je t’en laisse un petit échantillon dont la bonté te sera prouvée par la parfaite santé dont je jouis, étant âgé de plus de cent huit ans. Travaille et tu seras aussi heureux que je l’ai été, ainsi que je le souhaite, au nom et par la puissance du Grand Architecte de l’Univers »
  • Ces quelques lignes pourraient militer en faveur de l’antériorité du Petit Albert sans que cela résolve la question de l’auteur de la dite Lettre. En effet cela donne une fin moins abrupte que dans la version de Limojon et renforce d’ailleurs quelque peu la similitude avec l’Epître à César Nostradamus dont les dernières lignes sont « Priant Dieu immortel qu’il te veuille prester une longue et bonne et prospère félicité ».
  • On notera qu’en français le tutoiement confère à ce texte un statut particulier au sein de l’ensemble du recueil. La traduction anglaise de Waite utilise le « thou » et non le « you » comme l’autre traduction.
    On peut se demander si la formule « Petit Albert » ne se référe pas justement à une filiation du père au fils telle qu’elle est présentée dans cette Lettre à Aristée. Signalons qu’il exista dans l’Antiquité une telle Lettre tout aussi apocryphe,probablement conue en milieu juif, dotée d’un autre contenu et adressé à un frère et non à un fils.(cf J.G. Février La date la composition et les sources de la Lettre d’Aristée à Philocrate Paris, Champion 1924 qui ne signale pas d’apocryphes et Lettre d'Aristée à Philocrate, Introduction, texte critique, traduction et notes, index complet des mots grecs par André Pelletier, éditions du Cerf, Paris, 1962)

III La comparaison entre les deux Epitres.

On se contentera ici d’un rapide survol et laissons à d’autres chercheurs le plaisir de se préter à un tel exercice.

Bien entendu, la répétition de la formule « mon fils » dans les deux cas est frappante ; citons entre autres, :

«Ton tard advenement César Nostradame mon fils (…) Encores mon fils que j’aye inséré nom de Prophéte (…) Viens à ceste heure entendre, mon fils que je trouve par mes revolutions (…) Car la misericorde de Dieu sera point dispergée, mon fils, que la plupart de mes Propheties seront accomplies » puis « faisant fin, mon fils, prends donc ce don de ton père »

Aristée entend transmettre à son fils une certaine « clé » dont le caractère médical est assez patent. Rappelons que Nostradamus était médecin et écrivit sur des sujets relatifs à la conservation de la santé (voir les dernières lignes du texte du recueil du Petit Albert (cf supra)./ « C’est de cette clé mon fils que je veux te faire mon héritier/ Mais je te conjure (…) de la tenir enfermée dans le cabinet de ton cœur et sous le sceau du silence (..) C’est une clé que nos pères nous ont si fort recommandée sous le sceau du serment’. Cette clé c’est « l’or potable et la médecine universelle » On pense à deux lettres dont une serait axée sur l’astrologie et la prophétie et l’autre sur la médecine et l’alchimie.

JHB

Paris, le 27. 03. 12.

Sunday, 25 March 2012

Jordan’s Reversal in the Last Days

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What will go wrong with Jordan?

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Jordan has had a peaceful history with Israel since 1967, after its defeat in the Third Arab – Israeli War.

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The current King Abdullah of Jordan is the offspring of a Muslim father, and a Christian mother.

He has what seems to be a tolerant, friendly and open relationship with Christians and Jews .

Will something change with his country, or with him?

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However, there are some passages which show that Jordan is not favor with God in the end times.

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Even though it has a current positive relationship with Israel, as of this writing, something will go wrong.

Jordan is the modern name for the territories of Moab, Edom, and Ammon.

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Isaiah 34 describes Edom in the last days, starting with the 6th seal.

Isa 34:2 For the indignation of the LORD [is] upon all nations, and [his] fury upon all their armies: he hath utterly destroyed them, he hath delivered them to the slaughter.

Isa 34:4 And all the host of heaven shall be dissolved, and the heavens shall be rolled together as a scroll: and all their host shall fall down, as the leaf falleth off from the vine, and as a falling [fig] from the fig tree.

This passage is equivalent to Rev 6:14

Rev 6:13 And the stars of heaven fell unto the earth, even as a fig tree casteth her untimely figs, when she is shaken of a mighty wind.

Rev 6:14 And the heaven departed as a scroll when it is rolled together; and every mountain and island were moved out of their places.

At this point, the wrath of God turns toward Edom. It is as if Edom is top on the list for vengeance.

Isa 34:5 ¶ For my sword shall be bathed in heaven: behold, it shall come down upon Idumea [Edom], and upon the people of my curse, to judgment.

Isa 34:6 The sword of the LORD is filled with blood, it is made fat with fatness, [and] with the blood of lambs and goats, with the fat of the kidneys of rams: for the LORD hath a sacrifice in Bozrah, and a great slaughter in the land of Idumea.

The wrath is due to its treatment of Zion

Isa 34:8 ¶ For [it is] the day of the LORD’S vengeance, [and] the year of recompences for the controversy of Zion.

The destruction is forever. Edom will become a wasteland.

Isa 34:10 It shall not be quenched night nor day; the smoke thereof shall go up for ever: from generation to generation it shall lie waste; none shall pass through it for ever and ever.

read the rest:

https://heavenawaits.wordpress.com/jordans-reversal-in-the-last-days/

Saturday, 24 March 2012

Nostradamus, Iran, Asses, a Challenge to Dolores Cannon

 

Friends,
It is St. Patrick’s Day. Time for some blarney mixed with real Brachidaen oracles of Nostradamus. But first:

In a recent article posted on 20 January 2012, I revealed how the 16th-century seer, Nostradamus, named the Strait of Hormuz by the old name of the coast on the Iranian side of this narrow channel from which a quarter of all global oil and gas exports flow: Carmania. The prophecy hinted of an “asinine” act from Ishmaelites (Muslims) coming from that direction. This brought a recent comment from “Turiya” about the “ass” invective of Nostradamus and my interpretation of it.

TURIYA
“Turiya” Hey John. You say, “The asses is Nostradamus’ general condemnation of the Islamic fundamentalists of Iran…”

Nostradamus.

HOGUE
My full quote was: “The [use of] asses is Nostradamus’ general condemnation of the Islamic fundamentalists of Iran, near past and future. Their brand of fearful, grim, Saturnian Islamist ideology will land its adherents inside white shrouds of Islamic burial. It predicts also the final burial of Usama bin Laden, or Ahmadinejad, or Ayatollah Khamenei’s or any other Jihadists’ mad hateful dream of a totalitarian theocratic world Caliphate. The war with Iran will initiate the beginning of “their” ideology’s end in naval suicide attacks across the waters of the Strait of Hormuz.”

I did not write this passage back on 20 January 2012. I originally wrote and published it in the spring of 2007 in my book on Nostradamus’ prophecies about a war with Iran. Since then, Osama bin Laden has been buried in a white shroud at sea as of May of last year. His black flagged brand of Wahhabi fundamentalism is out of favor for now, eclipsed by popular uprisings of the Arab Spring.

President Ahmadinejad’s political power if not his person has been thrown into a kind of white funerary shroud with his arch rival in Iran, the Grand Ayatollah Khamenei, flooding the Iranian Parliament with his hand-appointed and ballot rigged legislators.

Grand Ayatollah Khamenei.

I am not saying the ballots were stuffed falsely. Strangely enough, Iran in its lower politically mundane levels functions like a democracy. However, the Council of Ayatollahs, which Khamenei oversees, is a political law above any faux democracy in Iran. Khamenei did not fake ballots, he simply made sure that only his candidates would have advantages the opposition could not have. He decided who would run in parliamentary elections. He chose only those more and “very” sympathetic to his views. So, politically at least, Osama is in his shroud, Ahmadinejad is being politically sewed into his for now.

That leaves Ayatollah Khamenei next in line for shrouding. I believe Nostradamus in one of his quatrains may indicate the base of operations of an act, which would see his violent end. Carmania (the northern, Iranian, shore of the Strait of Hormuz) is where Iran harbors its patrol boat fleet that could be used to close the strait to shipping that contains 25 percent of the world’s daily oil exports.

Such an act would be “asinine” indeed. It could cost the lives of 20,000 Iranian naval personnel in a suicidal battle with the American naval leviathan. Iran would be destroyed like Iraq and I would add that Ayatollah Khamenei might well suffer execution by his own people for it, if he were to hold to his own extreme, saturnine brand of Shiite ideology and not step aside for more liberal reform.

This will not happen. Khamenei will not initiate his self-destruction, that is. The Americans will have to squeeze the trigger for regional apocalypse. They will not do it in 2012. We are three years away from this terrible, asinine act.

Next Turiya changed the subject somewhat to bring my attention to author Dolores Cannon’s prescient claims and her take on a few key Nostradamus quatrains that may also describe a future war with Iran.

Dolores Cannon.

TURIYA
I am sure you’ve heard of Dolores Cannon, a hypnotherapist specializing in past-life regression technique, and the books she has written, “Conversations with Nostradamus”, claiming the information came to her by way of her connecting with the Collective Unconscious through a number of her sessions using hypnotherapy with some of her clients.

HOGUE

Chateau de l'Emperi.

Yes indeed, Turyia. I famously pointed out the weaknesses of her theory in a debate before a thousand people at the Axiom Prophecy Conference in Los Angeles in March 1997. I claimed that her “clients” were channeling information about Nostradamus that is fundamentally inaccurate. For instance, Cannon says in her interview on Ancient Prophecies (NBC) in 1994 that Nostradamus’ secret study was made completely out of stone and was cold, dank and dark. The house in which Nostradamus made those prophecies still exists and it is not totally constructed out of stone. Moreover, Nostradamus was famously adverse to the damp and later in life suffered so terribly from the lightest damp that he moved to the driest part of “dry” Provence, to Salon-en-Crau (modern Salon-en-Provence) to write his prophecies next to the closest thing in Provence to a hot and dry desert. I know it first hand. I have stood on the parapet of the Château de l’Empéri atop a rock outcropping set in the center of Salon. Beyond the town to the west stretches a huge expanse of graveled desiccated land that looks a great sight better in our day thanks in part to the financial patronage of Nostradamus to Adam de Craponne who constructed a canal to refresh with grass and farmland much of the Crau desert. You can read the full story in my Nostradamus biography.

Statue of Adam de Craponne.

Because the question of Cannon’s questionable claim keeps popping up in comments from my readers, I think it is time once again to deliver to Mrs. Dolores Cannon my challenge to “shoot” back in time through her clients a test for Nostradamus to prove he is talking to them and to her.

Tell Nostradamus to place a hermetically sealed little box in a specific corner of a wall in his house at Salon-en-Provence that we know in the future has not been touched by any remodels since he lived there. In that box, written in French in his secretary’s handwriting (Jean-Aymes de Chavigny) and signed with Nostradamus’ arthritic signature scrawl, is the line in French that will say:

Mme. Dolores Cannon interprète mes prédictions au 21e siècle

Chavigny's handwriting is signed off by the arthritic scrawl of Nostradamus.

That translates to, “Madame Dolores Cannon interprets my prophecies in the 21st century.” If her theory is correct then as soon as she sends the psychic telegram across the fourth dimension via her mesmerized client(s), he will somehow do something he never showed signs of accomplishing – translating English into French – then put our return message in a box in the wall. The timelines must be connected. Otherwise, it would be impossible for Dolores and those people under her influence to connect with Nostradamus in his time. Thus his box with the letter would immediately appear some 450-plus years older inside the wall where we indicated it should go and we pull it out on camera with noted skeptics and believers in Nostradamus present.

If Nostradamus is indeed talking to her clients then I would be happy to retire from this work.

The dry gravel desert of the Crau.

Then Turiya presented one of Cannon’s interpretations to a quatrain of Nostradamus:

TURIYA
In volume one of [Cannon’s] book, she denotes that in Century [2 Quatrain 60] refers to a nuclear confrontation that takes place in the Middle East (Strait of Hormuz). Nostradamus uses the term ‘mule’ to refer to the Democratic Party. And refers to a mule being an elected Democratic U.S. President as to when this incident takes place.

[2 Q60]
Faith with Africa broken in the East
Great Jordan and Rosne, Loire and Tagus will Change
When the hunger of the mule is sated
The fleet is scattered and bodies swim in blood.

Now we all know that a ‘mule’ is also an ‘ass’. Much of your work, imo [in my opinion], shows that you are consistently interpreting Nostradamus Quatrains as to paint the U.S.G. as being in a savory light. I only hope you are doing so, as Nostradamus did with the Vatican of his day, so to throw off the scent of the hound-dogs that run the show behind the scenes with the government of our day.

HOGUE
Turyia’s quotes are problematic. I have tried to clean up the spelling but I believe she means I paint the US in an “unsavory” light as I often do the Vatican. Americans and Catholics I love, I just do not love the perverse minds of priests and politicians. They are, as Osho notoriously quipped, are “mafia of the soul.” In the name of America’s nobility, its politicians twist it. In the name of the “Universal”, the popes and priests try to cram the universe down their narrowed and dogmatic view.

Let us look at the original French for 2 Q60 and refresh this prophecy a little:

La foy Punicque en Orient rompue,
Grand Iud. & Rosne, Loyre & Tag changeront:
Quand du mulet la faim sera repue,
Classe espargie, sang & corps nageront.

This prophecy will require a refreshing of interpretation, because Cannon often uses Ericka Cheetham’s translations verbatim, mistakes in translation included. This makes me wonder why Mrs. Cannon does not ask Nostradamus through her entranced intermediaries to give better translations of the prophetic master. Anyway, (La foy Punicque) is a classical allusion to the Punic (Carthaginian) law of deceit coming out of North Africa. In a modern context, he might be referring to a treachery coming out of what once was the heart of the Carthaginian Empire (modern Libya and Tunisia).

Keep going reading:

http://www.hogueprophecy.com/2012/03/nostradamus-iran-asses-a-challenge-to-dolores-cannon/