Tuesday 24 January 2012

Introduction aux problémes de chronologie néo-centurique

Introduction
Problèmes de chronologie néo-centurique.
Par Jacques Halbronn
Avant propos
Les quarante études qui suivent ont été rédigées, au cours de l année 2011. Elles reflètent l’état actuel de nos recherches et de nos réflexions mais ne sauraient se substituer intégralement à nos précédents travaux dont l’ampleur est bien plus considérable tant sous la forme de mémoires universitaires que de diverses publications « papier » ou que d’articles parus sur différents sites1. Il ne s’agit pas non plus de quelque synthèse, étant donné que de nouvelles perspectives sont ici apportées qui ne coïncident pas nécessairement avec celles exposées antérieurement.1522 On dira que les grandes lignes ont pu évoluer mais que nos analyses de documents et nos références bibliographiques, quant à elles, restent largement valables. On relira donc nos travaux passés à la lumière de ces nouveaux développements. Le terme néo-centurique que nous utilisons indidictionnireque que selon nous il y eut d’abord un centurisme axé uniquement sur les quatrains publiés par Nostradamus.
Nous avons regroupé nos recherches néo-centuriques en deux volets : le premier concerne les difficultés qui s’offrent à la recherche nostradamologique et le second aborde la façon dont le corpus centurique s’est constitué et consolidé. La lecture de ces études exige de la part du lecteur l’acquisition d’un certain bagage qu’il pourra C trouver dans l’ »Historique des éditions des Prophéties de Nostradamus (1555-1615) » que Patrice Guinard a publié dans le cadre de cette même revue (n° 129, 2008) et qui reflète assez bien les positions dont nous menons ici une critique et une déconstruction systématique.. Nous avons largement recouru pour notre part, tout au long de notre exposé au Répertoire Chronologique Nostradamique de Robert Benazra que nous avons édité en 1990. Le corpus nostradamique nous fait songer à l’Hydre de Lerne que dut affronter Hercule et il nous a semblé heureux de renouveler nos assauts, au travers de chaque étude, visant chaque fois une nouvelle tête. En ce qui concerne les documents eux-mêmes, nous n’en avons reproduits que quelques uns. Mais de nos jours, une très grande partie des documents nostradamiques ont été numérisés sur différents sites, notamment celui de Mario Gregorio – propheties.it- ou sur celui de Patrice Guinard- cura.free.fr sans parler du site « gallica » de la BNF.
Ce travail a déjà fait l’objet d’une publication papier dans la revue RFHL (Revue Française d’Histoire du Livre). Mais de nouveaux développements ont eu lieu, entre temps, que nous résumerons d’entrée de jeu car ils constituent une articulation qui confère à l’ensemble une plus grande cohérence, du fait notamment de certaines données que nous avons reprises de notre thèse d’Etat, Le Texte Prophétique en France. Formation et Fortune (site propheties.it). On pourrait résumer la thèse ainsi placée au centre de notre propos de prophétisme régentiel. De quoi s’agit-il ? De se demander pourquoi certains textes prophétiques paraissent ou plus souvent reparaissent à certaines dates, en certaines années. Nous soutenons que l’un des moteurs de ces rebondissements de la littérature prophétique en France est l’émergence d’un souverain en bas âge, du fait de la mort précoce de son prédécesseur, père (dans le cas de Louis XIII, de Louis XIV ou de Louis XV) frère.(dans le cas de Charles IX) ou de la captivité d’un père (dans le cas du fils ainé de François Ier). Cela circonscrit très précisément, à un an près, l’année de parution ou de reparution d’un certain nombre de pièces, souvent regroupées en recueil. Cela ne signifie pas, pour autant, qu’il n’y aura pas de réimpression entre temps, dans les années qui suivent mais elles seront fonction de cette motivation première et il faudra une nouvelle échéance au niveau d’une régence pour qu’un nouvel élan prophétique ait lieu. Sous ce nouvel angle, la préface à César s’inscrit dans une telle logique, celle du jeune enfant et il est probable qu’une telle transposition ait existé, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, constituant ainsi une tradition prophétique qui eut l’heur de retrouver un contexte récurrent à de nombreuses reprises. La fin de la monarchie héréditaire allait évidemment mettre fin à une telle convergence entre texte et politique mais il faudrait d’abord considérer le cas du XIXe siècle au regard des familles régnantes ( Bourbon, Orléans, Bonaparte). Précisons que notre analyse ne se limite pas aux centuries, ce qui serait insuffisant. Elle englobe également dès avant le centurisme le cas du Mirabilis Liber, dans les années 1520 et ses rééditions sous le titre de Recueil de Prophéties et Révélations Modernes, qui suivent également ce schéma régentiel du moins jusque dans les années 1640, sachant que nous disposons, pour le XVIIe siècle, d’une série de volumes comprenant les deux documents conjointement. En 1866, à la fin du second empire, une réédition du diptyque, augmenté des Prophéties Perpétuelles de Moult (1740), qui ne sont pas sans rapport, au demeurant, avec la genése de la Préface à César (« perpétuelles vaticinations » dont on n’a pas conservé d’édition signée Nostradamus) aura lieu mais qui semble ne tenir qu’au troisiéme centenaire de la mort de Nostradamus. En ce qui concerne le Mirabilis Liber, la dimension régentielle tient à un passage du chapitre 6 de la « seconde partie » : »sa mère tiendra la monarchie »(Comment par la révélation de Saincte Brigide l’Eglise sera troublée au temps de Maximilien par les François »./(à rapprocher du chapitre IX dont le chapeau renvoie à l’an 1642 dans les éditions du XVIIe siècle, ajout par rapport à l’édition de 1561) et que nous rapprochons du cryptogramme qui cloture certaines éditions des Centuries du XVIIe siècle avec pour ligne de mire 1660.
JHB
01. 12.11
Vers une nouvelle approche de la bibliographie centurique
Il y a une vingtaine d’années paraissaient deux importantes bibliographies consacrées à Nostradamus2. La méthode d’investigation et de description de leurs auteurs consistait en un recensement et à une localisation des documents, ce qui impliqua de procéder à des enquêtes, bibliothèque par bibliothèque, pays par pays, non sans quelques lacunes, notamment du côté des Pays-Bas (Utrecht, La Haye). Le critère choisi était simple : tout imprimé portant le nom de Nostradamus pouvait entrer dans une telle bibliographie. On peut regretter que l’on ait ainsi laissé de côté toute une série d’ouvrages recourant à une iconographie évoquant assez nettement la littérature nostradamique, on pense notamment aux publications des Coloni.
À partir d’une telle recension qui permettait de ne plus se contenter de descriptions de seconde main, issue de bibliographies comme celle de Brunet, d’avoir directement accès au contenu, page par page, des divers ouvrages, les auteurs se contentèrent de les ranger année par année, selon les indications chronologiques complaisamment fournies sur les pages de titre ou à la fin des épîtres. On pouvait espérer que vingt ans après, un vrai travail de bibliographie critique aurait été mené, que les premières mises en question des éditions datées de 1566 et qui avaient fixé l’attention des nostradamologues du XIXe siècle (Henri Torné-Chavigny, Anatole Le Pelletier) auraient porté leurs fruits et que l’on aurait scruté avec la plus grande vigilance les éditions prétendument les plus anciennes, à savoir celles portant des dates contemporaines de la vie de Michel de Nostredame. On pouvait également s’attendre à ce que les biographies consacrées à Nostradamus fassent preuve d’une certaine prudence quant à l’insertion dans leur discours de données bibliographiques douteuses3. En 2003, pour célébrer le 500e anniversaire de la naissancce de Nostradamus, plusieurs colloques (à Salon-de-Provence, à la BnF, notamment) et diverses publications (celles de Drévillon et Lagrange, de Petey-Girard, etc.)4 eurent lieu qui firent très peu état de certains questionnements. Ajoutons les ventes publiques de nostradamica (catalogue Swann, New York, du fonds Ruzo, et plus récemment, à Paris, catalogue de la librairie Thomas Scheler, avec une introduction de M. Scognamillo). On trouvera davantage d’échos quant aux polémiques sur certains sites consacrés à la recherche nostradamologique, comme celui de Robert Benazra ( ramkat.free.fr), de Patrice Guinard (Cura.free.fr), de Mario Gregorio (propheties.it, en anglais)5 ou encore sur le forum fr.groups.yahoo.com/group/nostradamus/messages/4509 -.
Or, force est de constater que la recherche piétine, stagne et qu’au bout du compte, la progression depuis les années 1989-1990 est difficile à discerner, en dépit du fait que certaines critiques ont été portées, depuis plus de dix ans, à la connaissance du milieu des chercheurs, dont on n’aura finalement guère voulu ou daigné tenir compte. Le seul changement important, comme nous le laissions entendre plus haut, le seul changement significatif aura été – mais cela se produisit bien avant 1990 – l’abandon du modèle « 1566 » et l’adoption du modèle « 1568 ». Le critère avancé est celui du nom du libraire, lequel n’aurait exercé qu’à la mort de son père, à la fin du siècle. Mais l’on sait que cette contrefaçon date du XVIIIe siècle (cf. les notices de Chomarat et de Benazra). Elle poursuivait d’ailleurs un but assez louable, consistant à en revenir aux deux premiers volets, en se défaisant du troisième, ce qui correspondait à ce que nous avons appelé le courant critique du XVIIe siècle, inauguré par le dominicain Giffré de Rechac dans son Eclaircissement de 16566 et reprend d’ailleurs les éditions Benoist Rigaud 1568. Ce serait donc par erreur que le nom de Pierre serait apparu, du fait que des éditions sous le nom de Pierre étaient bel et bien parues, fort semblables à celles portant référence à Benoist (cf. RCN, p. 148), les faussaires du XVIIIe siècle étant mal renseignés sur la généalogie de cette famille de libraires lyonnais de la seconde moitié du XVIe siècle, et ce d’autant que ces éditions Benoist ou Pierre Rigaud étaient, selon nous, en elles-mêmes, des contrefaçons, mais cette fois de la fin du XVIe et du début du XVIIe. L’idée est lancée, celle de générations successives de faussaires – mais pas forcément œuvrant de concert – et ce déjà du temps de Nostradamus jusqu’à nos jours, si l’on considère que le travail des dits faussaires est entériné par des chercheurs contemporains, lesquels s’en font, objectivement, les complices et les successeurs, trouvant, le cas échéant, de nouveaux arguments pour perpétuer une malversation de la chronologie du texte centrique...
Il est d’ailleurs dans la démarche même de l’éditeur de contribuer à fausser, peu ou prou, nos représentations notamment dans le cas de rééditions, permettant à un texte de suivre une nouvelle carrière, des décennies voire des siècles plus tard. La notion même de fac simile, de reprint, peut porter à confusion. La possibilité de reproduire à l’identique des documents est intimement liée à l’essor des techniques d’impression, de gravure, tant et si bien que l’établissement scientifique de chronologies semble de plus en plus aléatoire. Nous verrons que les faussaires sont souvent victimes d’un excès de documentation plutôt que d’un manque et qu’ils se perdent souvent eux-mêmes dans l’accumulation des données accumulées. C’est précisément la source de toutes sortes d’erreurs susceptibles de faciliter notre chasse aux faux.
Nous mettons, d’entrée de jeu, en garde le lecteur : nous sommes dans le domaine des chronologies fictives. Il ne s’agit pas là d’une contrefaçon d’un document donné mais de la contrefaçon de tout un processus, un enchainement d’éditions ainsi plus ou moins heureusement orchestré, mais selon divers scénarios relatifs au passé, qui se chevauchent et se contredisent, ce qui exige une méthodologie et une formation spécifiques de la part du chercheur. Nous sommes dans le domaine de la reconstitution du passé au regard du présent non seulement au niveau du signifié (interprétation, glose) mais du signifiant (production de documents retouchés, fabriqués)
Itinéraire d’une recherche nostradamologique 1985-2011.
En 1990, quand nous publiâmes le Répertoire chronologique nostradamique de Robert Benaza, nous avions établi nous-mêmes le titre de l’ouvrage en introduisant l’adjectif « nostradamique » alors que venait de paraître une Bibliographie Nostradamus de Michel Chomarat7.
Sur la quatriéme de couverture, nous écrivions, il y a donc plus de vingt ans : « Maître Michel Nostradamus (…) a certes composé des almanachs, des pronostications et des prophéties. Cependant, les spécialistes discutent encore à propos des textes qui devraient réellement lui être attribués. La littérature nostradamique comporte en effet aussi bien l’œuvre proprement dite de Nostradamus que celle de ses adversaires, incluant les imitateurs et les commentateurs de telle ou telle partie du corpus recensé ». On aura compris que le terme « nostradamique » était sensiblement plus prudent et ce qui nous frappe chez nombre d’auteurs qui traitent de ce domaine, c’est un certain manque de retenue et ce, en dépit des mises en garde, au point de ne même pas/plus prendre la peine d’avertir le lecteur de l’existence de certains doutes, sinon en laissant entendre que ceux-ci émanent d’adversaires fanatiques de Nostradamus qui veulent le priver de ce qui a le plus de valeur dans son œuvre, n’hésitant pas à basculer dans une certaine diabolisation qui s’autorise le recours éventuel à la diffamation et aux sarcasmes.
Une des premières personnes que nous réussimes à sensibiliser à la problématique des éditions centuriques contrefaites fut le Québécois Pierre Brind’amour, lors de son passage durant de longs mois à Paris, au début des années 1990, mais aussi en 1992 à Ottawa, où il demeurait, à l’occasion, d’un Congrès de la SIEPM. On trouve la trace de nos débats dans certaines pages de son livre, Nostradamus astrophile8. C’est alors que les chercheurs furent invités à collecter des preuves de la parution des Centuries du vivant de Nostradamus ; et le bilan, depuis lors, est assez limité. Nous y avons d’ailleurs contribué dans un premier temps, signalant ici la mention – sans autre explication d’une « seconde centurie » dans les Significations de l’Éclipse qui sera le 16 septembre 1559 (de) laquelle sera sa maligne extension inclusivement iusques à l’an 1560, diligemment observées par Maistre Michel Nostradamus docteur en médecine (..) avec une sommaire responce à ses détracteurs 9, Paris, Guillaume Le Noir, et prenant en compte les Prophéties d’Antoine Couillard Du Pavillon10 – en date de 1556 - où l’on retrouve des pans entiers de la Préface à César (datée de 1555) connue pour introduire le premier volet des centuries, mais sans les attribuer explicitement à Nostradamus, et sans aucune mention des quatrains (cf. notre thèse d’État, p.1060 et ss.)11 et puis, surtout, nous avions été frappés en découvrant – avant Brind’amour12 - tant d’extraits des quatrains (toutes centuries confondues) dans les Prophéties dédiées à la puissance divine et à la nation françoise, Lyon, 157213, dont le titre ne mentionne pas de nom d’auteur mais que l’on attribué à Antoine Crespin Nostradamus / Archidamus, du fait d’un extrait de permission le désignant14. Là encore, ces textes ne sont pas signalés, dans cet ouvrage, comme étant de Nostradamus. Nous avions été impressionnés davantage par un passage d’une épître signée Jean de Chevigny, adressée au Président Larcher, en tête d’un texte bilingue latin-français, l’original latin étant de Jean Dorat15. Autant d’éléments qui nous avaient alors conduits à supposer la parution des 10 centuries autour de 1568 et a contrario d’en conclure à leur improbable parution du vivant de Nostradamus, peu après notre communication de 1997 aux Journées Verdun Saulnier, autour du quatrain IV 4616 où Tours, la capitale d’Henri de Navarre, était menacée de la ruine, ce qui situait la première partie (les premiers quatrains) de la Centurie IV du temps de la Ligue.
En 2002, nous publiâmes aux Éditions Ramkat, dirigée par notre ami Benazra des Documents inexploités sur le phénoméne Nostradamus. Nous y montrions notamment que les deux épîtres à César et à Henri II figurant dans les Centuries reprenaient des épîtres du dit Nostradamus en tête de textes bien différents de celui des Centuries.
En 2003, au Congrès mondial des études juives, Université Hébraïque de Jérusalem, dans une communication consacrée à Antoine Crespin, nous envisagions que les Centuries auraient pu, en partie, avoir emprunté à Crespin ayant retrouvé dans diverses publications parues sous son nom des éléments centuriques, notamment des versets relatifs à Avignon. En 2004, nous organisâmes à Paris, un colloque réunissant des universitaires comme Roger Prévost, Bernard Chevignard ou Gérard Morisse, qui venait de publier à Budapest une édition des Centuries au nom d’Antoine du Rosne, 1557, exemplaire de la Bibliothèque Nationale de Budapest.
Grâce à Robert Benazra et son « Espace Nostradamus », nous mimes en ligne quelques années durant plus d’une centaine d’études et des réactions à celles-ci, notamment en 2003, qui servirent à élaborer notre post doctorat de 2007 (voir note 5).
Dans notre thèse d’État de 1999, on trouve la reprise du travail de Chantal Liaroutzos17, étendue à d’autres ouvrages de Charles Estienne (p. 1129 et ss.), à savoir les Saints Voyages. On y présente également (p. 1105 et seq.) les Prophéties de Noël Léon Morgard, lesquelles comportent des sixains, ce qui pose à nouveau la question des emprunts des quatrains à certains auteurs de prophéties. Nous y avons de même abordé la question des mots en majuscules (p. 1041 et seq.), procédé typique dans le Janus Gallicus (1594)18 et pouvant servir à classer les éditions. Nous y mettions en question l’authenticité des Significations de l’Eclipse qui sera le 16 septembre 1559 ( Présages de Nostradamus, op. cit., pp 445 et seq.). Nous y montrions également comment la première Épître à Henri II avait pu servir pour réaliser celle qui figurerait en tête du second volet.
Qu’apportions-nous de plus en 2002 dans les Documents inexploités…, en dehors de quelques reprints (Morgard, Crespin, Présages Merveilleux 1557) ? Nous y développions notamment la thèse du « double jeu d’éditions » (p. 12 et seq), les libraires publiant conjointement une édition « moderne » censée reproduire une édition plus ancienne qu’ils produisent – et non reproduisent - également, du moins dans certains cas.
En 2007, nous soutinmes donc notre post-doctorat, uniquement centré, à la différence de la thèse d’État, sur Nostradamus mais aussi sur le XVIIe siècle. Outre une part importante consacrée à démontrer la paternité de Giffré de Réchac sur l’Éclaircissement de 1656, lequel se proposait d’évacuer des éléments douteux, à commencer par les sixains ; en cela nous en faisions le précurseur d’une certaine critique nostradamique. Nous accordions la plus grande importance à l’édition anglaise de 1672 des Centuries, traduite par Théophile de Garencières19, qui comportait des variantes par rapport à la préface à César qui, selon nous, correspondaient à un premier état disparu de la Préface centurique (p. 303 et ss.). Ce premier état de la Préface entendait, selon nous, attester de la parution posthume des Centuries, d’où la présence du mot « mémoire », synonyme de testament. Nous avons également montré que les quatrains des almanachs de Nostradamus reprenaient des termes des prédictions en prose placées dans les mêmes almanachs (p. 504 et ss.), nous suggérions que la versification n’avait pas été l’œuvre de Nostradamus mais d’un collaborateur. Nous remettions en question la date de parution (1570) de l’Androgyn, seul document antérieur à 1588 – en dehors des éditions centuriques, à comporter un quatrain dument référé (p. 700 et ss.). La comparaison des vignettes joue un rôle central dans notre approche critique du « canon » et nous semble avoir bien à tort été négligée jusqu’alors.
Phénoménologie de l’emprunt appliquée aux champs astrologique et nostradamologique.
La question de l’emprunt nous interpelle depuis plus de trente ans, et nous lui avions déjà consacré une certaine place dans un DEA de linguistique, dirigé par André Joly (Université Lille III, 1981). L’ « Emprunt linguistique » est une notion qui nous est familière de longue date et nous avons préparé deux mémoires sous la direction du linguiste Louis-Jean Calvet (Université Paris V, 1987 et 1989), traitant en grande partie de cette problématique. Cette formation nous aura été utile dans nos publications consacrées à l’astrologie et à Nostradamus. Il nous a donc semblé opportun de proposer brièvement une « phénoménologie de l’emprunt » suivie des applications de ce concept au dit champ textologique, lequel selon nous fait partie intégrante des études linguistiques, lesquelles devraient intégrer tant l’histoire des langues que des textes.
1 Notamment au cours de la précédente décennie, sur cura.free.fr, ramkat.free.fr, sur grande-conjonction.org et sur editionsgrandeconjonction.blogspot.com. En passant par google, on trouvera aisément les articles concernés par tel ou tel point.et que nous n’avons pas jugé bon de recenser. On en trouvera cependant une liste assez compléte jusqu’en 2007 dans la biibliographie de notre postdoctorat, en ligne sur propheties.it., pp. 954-958
2* Docteur ès lettres, directeur de la Bibliotheca Astrologica (Paris). Mail : teleprovidence@yahoo.fr
Michel Chomarat / Jean-Paul Laroche, Bibliographie Nostradamus : XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, Baden-Baden, Koerner, 1989. [infra, en abrégé : CHOMARAT – Robert Benazra, Répertoire chronologique nostradamique (1545-1989), préface de Jean Céard, Paris, La Grande Conjonction / Guy Trédaniel, 1990 [infra, en abrégé : BENAZRA ou RCN].
3 On pense au récent travail de Denis Crouzet, Nostradamus, Une médecine des âmes à la Renaissance, Paris, Payot, 2011.
4 Hervé Drévillon / Pierre Lagrange, Nostradamus, L’éternel retour, Paris, Gallimard, 2003. – Nostradamus, Prophéties, présentation par Bruno Petey-Girard, Paris, Flammarion, 2003.
6 [Jean Giffré de Rechac], Eclaircissement des veritables quatrains de Maistre Michel Nostradamus (…), [s.l., s.n.], 1656. Voir notre mémoire post-doctoral EPHE, 2007 : Le dominicain Giffré de Rechac (1604-1660) et la naissance de la critique nostradamienne au XVIIe siècle. Le texte est consultable sur le site : www.propheties.it/halbronn/.
7 Op. cit., voir note 1.
8 Pierre Brind’amour, Nostradamus astrophile. Les astres et l’astrologie dans la vie et l’œuvre de Nostradamus, Ottawa-Paris, Presses de l’Université d’Ottawa-Klincksieck, 1993.
9 Michel Nostredamus, Les significations de l’éclipse qui se fera le 16 septembre 1559, Paris, Guillaume le Noir, [1558].
10 [Antoine Couillard, seigneur du Pavillon les Lorris, en Gâtinais], Les propheties du seigneur du Pavillon lez Lorriz, Paris, Jean Dallier/Antoine le Clerc, 1556 [BnF, RES pR 40].
11 Jacques Halbronn, Le texte prophétique en France. Formation et fortune, thèse d’État, Université Paris X, Nanterre, 1999. Disponible en microforme : Villeneuve-d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2002.
12 Dans son édition des 353 premiers quatrains : Pierre Brind’amour éd., Nostradamus. Les premières centuries ou prophéties (édition Macé Bonhomme de 1955), Genève, Droz, 1996.
13 [Antoine Crespin Nostradamus/Archidanus], Propheties par l’astrologue du treschrestien Roy de France & de Madame la Duchesse de Savoye, dedies à la puissaance divine & à la nation françoise, Lyon, Fraçois Arnoullet, 1572. Voir notre thèse d’État, p. 1006 et ss.
14 Mais ce qui, avec le recul, nous apparait le plus intéressant est notre « Bibliographie Chronologique raisonnée des sources premières » consacrée à un corpus dépassant très largement celui concernant Nostradamus, qui n’était pas au centre de notre travail (Le texte prophétique en France, formation et fortune, Presses du Septenentrion, p. 1283 et ss.).
15 L’Endrogyn né à Paris le XXI juillet M.D.LXX (…) dédiée à monseigneur le président de l’Archer, Lyon, Michel Jove, 1570. Voir notre thèse d’État, p. 1037 et ss.
16 C’est-à-dire le quarante-sixième quatrain de la quatrième Centurie.
17 Chantal Liaroutzos, « Les prophéties de Nostradamus : suivez la Guide », Réforme, Humanisme et Renaissance (RHR), 23, 1986.
18 Jean-Aimé de Chavigny, La premiere face du Janus françois / Jani Gallici facies prior, Lyon, les héritiers de Pierre Roussin, 1594.
19 The true propheties or prognostications of Michael Nostradamus, (…) translated and commented by Thoephilus de Garencieres, London, Ratcliffe and Thompson, 1672.

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